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Des citoyens s’opposent au projet de la SDA dans le Vieux-PAT

Le Vieux-Pointe-aux-Trembles

Le Vieux-Pointe-aux-Trembles.

Jugeant le projet de revitalisation du Vieux-Pointe-aux-Trembles de la Société de développement Angus (SDA) irrecevable, des résidents du secteur ont signé une demande pour participer à une procédure d’approbation référendaire afin de freiner le projet dans sa forme actuelle.

Présenté aux citoyens au début du mois de juin, le projet de la SDA vise à revitaliser le coeur du noyau villageois de Pointe-aux-Trembles. Pour ce faire, l’entreprise d’économie sociale prévoit construire entre autres des immeubles mixtes résidentiels et commerciaux qui atteindraient jusqu’à six étages.

Pour permettre sa mise en œuvre, l’Arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles a entamé l’adoption de deux projets de règlement. Ceux-ci permettraient entre autres que la hauteur maximale permise dans la partie du secteur où le projet est prévu passe de trois à six étages.

Mais pour Pierre Bleau, Pointelier et vice-président des Amis et propriétaires de maisons anciennes du Québec, le projet de revitalisation de la SDA est irrecevable.

«Je suis tombé en bas de ma chaise quand j’ai vu la hauteur. […] Ça ne correspond pas du tout à l’image que j’avais de la revitalisation du Vieux-Pointe-aux-Trembles.»

Bien qu’il ne réside pas dans ce secteur du Vieux-PAT, il a décidé «d’aider» des citoyens s’opposant au projet et ayant le droit de signer une demande de referendum à faire cette démarche.

Selon lui, le nombre minimal de signatures pour permettre la tenue d’un registre référendaire, soit de 12 par zone concernée ou contiguë au projet, a été atteint.

L’Arrondissement indique de son côté qu’il fera l’annonce des résultats lors de la séance du conseil du 6 septembre. Si le nombre de signatures requis est bel et bien atteint, un registre permettant aux citoyens de réclamer officiellement la tenue d’un referendum sur les projets de règlement devra par la suite être ouvert.

Trop haut, selon des signataires

Sylvia Gerome, résidente du Vieux-PAT depuis 32 ans et une des signataires de la demande de referendum, ne mâche pas ses mots envers le projet.

Si elle qualifie son architecture d’«insignifiante», elle déplore surtout l’impression qu’elle a que les résidents du quartier sont «tassés dans un coin» avec l’arrivée de ce projet, qu’elle juge trop haut et dense.

Pourquoi on ne fait pas un projet qui s’intègre dans le quartier plutôt que de venir s’imposer?

Sylvia Gerome, résidente du Vieux-PAT depuis 32 ans

Anne Vigneault, également signataire, reconnaît pour sa part que le Vieux-PAT «est un coin qui a peut-être manqué d’amour», mais croit que de garder un maximum de trois étages serait souhaitable pour ne pas «défigurer» le quartier.

La Pointelière craint par ailleurs que le quartier qu’elle a choisi pour sa quiétude soit perturbé par l’arrivée de nombreux résidents et véhicules. «La densification, oui, mais ç’a un certain prix.»

Pas un projet controversé, selon la SDA

Stéphane Ricci, directeur de projets à la SDA, est convaincu que les Pointeliers veulent majoritairement voir le projet se réaliser. «Ce n’est pas un projet qui est dans la controverse.»

Insistant sur le travail fait en amont pour bien intégrer les bâtiments au quartier et respecter le patrimoine, il ajoute que les immeubles projetés ne dépasseraient pas la hauteur du Centre Roussin.

Il rappelle également que les deux étages supérieurs des immeubles seraient en retrait de la façade, ce qui aurait comme effet «qu’on les perçoit moins» depuis la rue.

Questionné sur la possibilité de réduire le nombre d’étages du projet de revitalisation, il est cependant catégorique: «On ne peut pas faire autrement que six étages [sinon], le projet ne sera pas rentable».

Par ailleurs, il voit d’un bon œil que l’achalandage augmente dans le quartier, qui se «délabre d’année en année».

Je vois la criminalité arriver dans le secteur, de l’insécurité. Si on veut contrer ça, la meilleure façon est de faire en sorte que le quartier soit approprié par les Pointeliers.

Stéphane Ricci, directeur de projets à la SDA

L’Association des commerçants en faveur du projet

Pour la présidente de l’Association des commerçants et professionnels du Vieux-Pointe-aux-Trembles, Joanne Paiement, le fait que des citoyens s’opposent au projet de la SDA est « effrayant ». Celle qui se bat pour la revitalisation du secteur depuis longtemps craint notamment que le promoteur abandonne le projet s’il y a un referendum.

«Si ce projet ne se fait pas, tout le « ça se passe dans l’est » n’existera plus.»

À son avis, le projet amènera une certaine densification, mais ne sera pas « énorme », comme craignent certains. « On veut devenir une belle destination récréotouristique. Ça prend des commerçants, du dynamisme. »

Recommandations du comité mixte

Un comité formé du Conseil du patrimoine de Montréal et du Comité Jacques-Viger a émis au mois de mai un avis sur la modification au plan d’urbanisme de l’arrondissement pour augmenter la densité d’une partie du secteur.

Si le comité y reconnaît le besoin de densifier le secteur, il émet notamment des réserves sur la hauteur des immeubles et sur l’intégration du projet dans un contexte «à haute valeur patrimoniale».

«On suggère que la hauteur maximale soit revue. On suggère à l’Arrondissement de ne pas laisser ça uniquement dans les mains du promoteur, mais d’établir lui-même une règle pour consacrer la prédominance des édifices institutionnels existants comme repère pour la hauteur», explique en entrevue Jean Paré, président du Comité Jacques-Viger.

«Le défi, c’était comment on peut insérer un projet contemporain plus dense, tout en respectant cette longue continuité historique que le noyau de Pointe-aux-Trembles affiche et reflète.»

L’Arrondissement indique que «des modifications ont été intégrées au projet depuis la version originale présentée au Comité mixte». Ces modifications ont cependant été présentées au Comité avant qu’il émette son avis et ses recommandations en mai.

On ajoute que le projet pourra encore être modifié. Il devra notamment être soumis au Règlement sur les plans d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA) avant son adoption finale.

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