« L’idée de départ de Un nouveau monde m’est venue en 2008 lorsque ma grand-mère a vendu sa maison: c’était devenu une trop grande source d’anxiété pour elle, raconte le cinéaste. Par contre lorsqu’elle a déménagé, ce poids s’est spontanément enlevé de ses épaules, c’est comme si elle revivait, ou connaissait un second souffle .» Cette métamorphose, conséquence d’une nouvelle vie, a intéressé M. Bossé qui a voulu documenter cette transition, ce passage.
Patrick Bossé, accompagné d’un perchiste et d’un caméraman, a rencontré les Héroux, un couple du quartier Ahuntsic à quelques jours du grand départ vers une résidence. Yvan Héroux est jovial et en paix avec le choix de s’installer en résidence. Une scène comique en témoigne: filmée dans son atelier, M. Héroux s’exclame: « je ne sais pas pourquoi j’amènerais mes outils, si quelque chose brise là-bas, c’est eux qui répare. » Sa femme Solange, voit la transition d’un autre œil. Troublée de quitter sa maison – qu’elle associe à son autonomie – on la voit pensive et inquiète: « L’agent immobilier me l’a dit qu’au moment où je vais donner les clés, ça va être dur », dit-elle visiblement terrifiée.
L’équipe de Patrick Bossé a observé la vie, dans toute sa simplicité, des retraités peuplant la résidence où ont déménagé les Héroux pendant trois mois. Parmi les gens que nous avons rencontrés, dit Patrick Bossé, certaines sont des figures iconiques d’espoir et de résilience. M. Cournoyer qui, à 84 ans, fait la chandelle sur la tête ou encore M. Bergeron qui avoue ne pas s’impliquer trop dans les activités parce qu’il « a été schédulé toute sa vie », en étant que quellques exemples.
Les longs plans de caméras utilisés par le réalisateur, rythmés par la musique minimaliste concoctée par François Lafontaine, claviériste et bidouilleur de la formation Karkwa, contribuent à témoigner de la sérénité des lieux.
Une richesse sous-exploitée
À propos d’Un nouveau monde, Patrick Bossé réfléchit: « c’est un prétexte pour analyser comment notre société traite le vieillissement en ayant comme angle la résidence, qui est en quelque sorte notre réponse à cette réalité. Même si certains trouvent qu’elles sont des horreurs d’urbanisme, à l’intérieur, il y a plein de vie et surtout, une richesse sous exploitée », conlut le cinéaste qui s’intéresse depuis longtemps au viellissement, lui qui a également réalisé des portraits de Gilles Pelletier et d’André Brassard entre autres.
Présenté en première lors des Rendez-vous du cinéma québécois en février dernier, Un nouveau monde a été présenté dans le réseau des cinéclubs et des maisons de la culture. Patrick Bossé le présentera d’ailleurs dans cet établissement de Pointe-aux-Trembles, quartier dont il est originaire, le 7 décembre à la Maison Beaudry dès 19h30. Récemment sélectionné dans la programmation du Festival international de film francophone de Namur en Belgique.
Un nouveau monde, 2012, Réalisation : Patrick Bossé, Image : Antonio Pierre de Almeida, Montage : Myriam Magassouba, Musique : François Lafontaine, Son : Guillaume Daoust, Mixage: Vincent Cardinal, Studio Plasma, Titrage : Maxime Roux, Studio Plasma, Production : Pascal Pelletier, Patrick Bossé. Production: Figure 55.