Des arbres seront plantés sur l’emprise d’Hydro-Québec, dans le Parc-nature Bois-de liesse, à Cartierville, à l’endroit même où la société d’État avait abattu 70 arbres ce printemps. Un projet pilote, financé par la compagnie d’électricité, mais mené par un organisme citoyen devra compenser les coupes effectuées dans le cadre du contrôle de la végétation sous les lignes à haute tension.
Le coût global du projet n’est pas encore précisé, mais il devrait atteindre 70 000$ uniquement pour sa phase 1, c’est à dire la concertation ainsi que la conception des plans et devis. C’est Ville en vert, organisme d’Ahuntsic-Cartierville, qui aura la responsabilité de la mise en œuvre du projet.
Le financement du projet entre dans le cadre d’un accord, intervenu entre la Ville et Hydro-Québec au mois de mars de cette année pour compenser les coupes d’arbres sous les emprises de la division transport de la compagnie d’électricité. Selon les termes de l’entente, l’accord vise à réduire l’impact des travaux de maîtrise de la végétation sur les emprises de lignes de transport d’électricité et soutenir les efforts de verdissement de la ville. Dotée de 1,5 M$, l’entente de 500 000$ par année, permet de financer le reboisement dans le Parc-nature du Bois-de-Liesse, à Ahuntsic-Cartierville ainsi que dans les parcs Malicorne et des Closeries, à Anjou.
«C’est le premier projet du genre, assure Harout Chitilian, conseiller de Bordeaux-Cartierville. On ne sait pas encore tout ce qui est possible de faire, mais Ville en vert est un organisme qui a beaucoup l’expertise pour mener à bien une telle opération.» L’élu local, qui s’est fait à un moment le porte-parole des citoyens qui s’opposaient aux coupes d’arbres, estime que la compensation est une victoire des citoyens.
Un modèle à suivre
On ne sait pas encore quel nombre d’arbres et quelles essences seront introduites au Bois-de-Liesse. Une consultation publique devrait avoir lieu cet hiver et au printemps 2016. «Rien ne se fera sans l’avis des citoyens», assure Élyse Rémy, directrice de Ville en vert.
Jean-Philippe Rousseau, conseiller aux relations avec le milieu à Hydro-Québec évoque notamment les arbres fruitiers. «On peut planter sous les emprises d’Hydro-Québec, dit-il. Mais, il ne faut pas que ce soit des arbres à grand déploiement.»
Toutefois, il indique qu’il y aura toujours des coupes d’arbres sous les lignes électriques. «Le projet pilote permettra à d’autres arrondissements de s’en inspirer», dit-il. Il assure que les autres municipalités pourront aller puiser dans le 1,5M$ pour compenser les arbres abattus.
Scepticisme
Les abattages d’arbres dans le Bois-de-Liesse, effectués en 2015 avait été annoncés en 2013. Ils ont dû être reportés à plusieurs reprises à cause de la farouche opposition des résidents des environs.
«Cela n’a aucun sens, fulmine Sofia Oljemark, présidente de l’OBNL Coalition verte et résidente voisine du Bois-de-Liesse. Au lieu d’investir dans la plantation d’arbres tout petits, il vaut mieux investir dans l’élagage des arbres déjà existants.»
Elle fait partie des citoyens qui ont fortement critiqué les coupes réalisées par Hydro-Québec. «Je demeure sceptique», soupire Demis Lemieux, alors qu’on annonce du reboisement. Ce voisin du bois est membre du regroupement pour les résidents du Bois-de-Liesse. «Il y avait déjà des arbres, pourquoi on les a coupé pour ensuite en planter d’autres?», s’interroge-t-il.
Il reste que tous les deux disent prêt à participer à la consultation publique autour du projet de reboisement. Selon M.Rousseau, représentant d’Hydro-Québec, l’abattage d’arbres décidé par Hydro-Québec est destiné à éviter des incendies et des ruptures d’alimentation électrique.
«Les lignes dans le Bois-de-Liesse transportent 315 000 volts. Personne n’est content de couper des arbres, mais il faut absolument éviter les arcs électriques sous les fils.»