En plus de réduire les îlots de chaleur et donner des légumes frais aux citadins, l’agriculture urbaine serait bénéfique pour la santé mentale. Métro s’est intéressé à cette question et a rencontré le Groupe du Jardin communautaire de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal (IUSMM).
Depuis 2018, la clinique des troubles psychotiques de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal propose aux usagers de faire du jardinage afin de briser l’isolement, améliorer les habiletés fonctionnelles et sociales, ainsi qu’augmenter l’estime de soi.
«En ergothérapie, on utilise l’activité comme médium thérapeutique, c’est-à-dire que peu importe le type d’activités qu’on fait, on sent qu’il y a des bienfaits et une plus-value d’être en action», explique Audrey Marineau, l’ergothérapeute qui chapeaute cette activité réunissant sept à huit participants dans un jardin communautaire administré par la Ville de Montréal.
L’avantage avec le jardinage, selon Mme Marineau, c’est que cette activité permet d’avoir une vision à long terme sur ce processus thérapeutique. L’activité commence au printemps, alors qu’il n’y a rien dans le jardin. Ce n’est que progressivement que les efforts portent leurs fruits.
«De voir le processus du jardin, ça permet de se dire que ça prend du temps, ça prend de l’effort, de l’amour, de l’entretien, de l’eau, du soleil, plein de facteurs qui nous aident. Pour les gens, ça donne de l’espoir et on sait que le rétablissement, c’est du long terme.»
Briser l’isolement
Cette année, Brigitte Lemire participe à l’activité pour la première fois. Même si elle trouve ça très difficile de s’y rendre, elle affirme que le jardinage lui fait du bien.
«Quand je repars d’ici, je suis tout le temps contente.»
Elle ajoute que le groupe lui permet d’avoir des contacts avec des gens « qui ont vécu des choses semblables aux miennes. »
Même constat pour Élyse Lechasseur.
«C’est bon pour le moral. Ça nous enlève l’isolement et ça nous amène à communiquer avec les gens», affirme celle qui jardine depuis trois ans.
Si l’activité permet aux usagers de la clinique de réaliser qu’ils ne sont pas « tout seul à vivre la maladie », Mme Marineau soutient que cela leur permet également de rencontrer des résidents du quartier cultivant aussi leur petit lot dans le jardin communautaire.
Pour faire de plus grandes choses, il en faut des petites. On s’en sort comme on peut, pas comme on veut.
Brigitte Lemire, participante du Groupe du Jardin communautaire
Retour aux sources
L’ergothérapeute rappelle d’ailleurs que le jardinage est bénéfique pour tout le monde, pas seulement pour les gens souffrant de troubles psychotiques.
«Le contact avec la terre, ça nous ramène aux sources. Et c’est surtout, vivre le moment présent.»
Un avis que partage Isabelle Assalian, la formatrice en agriculture urbaine de l’organisme Y’a quelqu’un l’aut’bord du mur, partenaire du projet.
«En étant dans le moment présent, c’est un moment avec soi-même, un moment méditatif.»
La formatrice confie que le jardinage lui permet à elle aussi de mieux contrôler son anxiété.