Des passionnés se sont retrouvés le mercredi 20 avril à L’Île-des-Sœurs pour installer les nichoirs artificiels qui aideront les hirondelles noires du Québec à se reproduire.
L’expression «une hirondelle ne fait pas le printemps» a un sens particulièrement ironique cette année 2022. C’est à cause de la neige que l’installation des nichoirs pour les hirondelles noires du Québec, initialement programmée le mardi 19 avril, a été reportée au mercredi 20 avril.
«Il faut se dépêcher, car elles sont déjà arrivées sur l’île et elles nous attendent», lâche Diane Pelchat, bénévole de bientôt 80 ans qui prend sa tâche très à cœur. La retraitée, ancienne professeure à l’Université de Montréal et photographe animalière, est très mobilisée pour la protection des oiseaux.
À ses côtés, nichoirs en main, Maxime Tremblay, président de l’Association des amateurs d’hirondelles du Québec, et Vincent Auclair, agent pour Nature-Action Québec, organisme de conservation qui assure la mise en place des différents équipements pour la protection de l’environnement, étaient présents pour l’installation.
Des petites maisons clefs en main
Les nichoirs ont passé l’hiver rangés dans le conteneur qui sert d’entrepôt à Nature-Action Québec et il a fallu assembler ces 5 structures de 12 gourdes rondes et blanches, qui forment un total d’une soixantaine de nichoirs artificiels.
Alors que Diane Pelchat ajoute les différentes portes, Maxime Tremblay installe des balcons à l’entrée du nid pour que les oiseaux puissent s’y percher, et glisse à l’intérieur un mélange de copeaux de tremble et de foin. «On crée une base de nid pour faciliter le travail de l’hirondelle. Certaines vont aussi rajouter d’autres matériaux naturels comme de petites branches fines et tendres ou des aiguilles de pin», précise le passionné.
Durant les deux heures d’assemblage, plusieurs curieux qui marchent autour du lac des Battures se réjouissent de découvrir cette action.
«C’est formidable de voir cette initiative parce que ça vient vraiment des gens. Félicitations à eux», lance Rémi, résident de L’Île-des-Sœurs. «Je trouve ça vraiment chouette comme initiative, on lève la tête et on voit passer des oiseaux, c’est très agréable», affirme Claire, appuyée par son mari Bertrand. «Il y a toujours le besoin de protéger les hirondelles. Il me semble qu’en défaisant le pont Champlain, des nids ont été détruits, alors cette action est importante», affirme le retraité.
Protéger une espèce en déclin
«Chaque espèce a son importance dans la biodiversité», explique Vincent Auclair, agent de projet pour Nature-Action Québec. «L’hirondelle se nourrit d’insectes. En la préservant, on évite ainsi une surpopulation d’insectes qui pourrait aussi affecter la flore», ajoute-t-il.
Une fois assemblés, les nichoirs ont été accrochés dans les cinq emplacements situés le long de la piste cyclable du tour de l’île. Maxime Tremblay fronce les sourcils devant l’un de ces emplacements, situé juste en face d’un récent immeuble à condos. «L’immeuble est haut et un peu trop proche des nichoirs qui étaient déjà là avant. Je ne suis pas sûr que des oiseaux y viendront, nous verrons. Il faudra peut-être relocaliser ces nichoirs», glisse le passionné, inquiet de la préservation d’une espèce en déclin.
L’an dernier, seuls huit couples d’hirondelles noires ont nidifié sur la soixantaine de gourdes que compte L’Île-des-Sœurs.
«Idéalement, on aimerait avoir au moins un couple par perche. Mais la conservation, c’est un long travail. S’il y a une petite progression par rapport à l’année dernière, ce sera déjà très encourageant et gratifiant», conclut, à la fois optimiste et réaliste, Maxime Tremblay.