C’est sans préavis que les employés du traiteur pour les lignes aériennes Gate Gourmet ont appris qu’ils étaient mis en lock-out le 10 novembre. Ils étaient sans convention collective depuis juin.
Au milieu de leur pause du dîner, une quinzaine d’employés ont été conviés à une réunion d’urgence durant laquelle on leur a dit de prendre leurs effets personnels et de quitter les lieux.
On a demandé aux salariés en vacances de ne pas revenir au travail jusqu’à nouvel ordre. Gérard Carey est l’un deux.
«Ça va mal, commente celui qui compte 40 ans d’ancienneté au sein de l’entreprise de Dorval. On a plus le droit au chômage ni aux prestations du gouvernement fédéral liées à la pandémie. On n’a plus rien.»
M. Carey estime qu’il pourra s’en sortir grâce à ses économies et en limitant ses dépenses. Déçu, il aurait apprécié davantage de sympathie de la part de son employeur, puisqu’en raison de ses tâches d’assembleur-vérificateur, il risquait sa santé en travaillant dans les avions.
«Ce qu’on nous fait présentement est écœurant, fustige la représentante du syndicat des employés, Nathalie Cabral. Avec tous les services qu’on a offerts à cette entreprise, on méritait beaucoup mieux.»
Rupture des négociations
Depuis juin, sept séances de négociation ont été tenues entre l’employeur et le syndicat, Unifor. Gate Gourmet aurait demandé de grandes concessions tant financières que du côté des avantages sociaux.
«Ils sont arrivés à la table de négociation avec toute notre convention collective surlignée : ils voulaient qu’on fasse des concessions à tous les points de vue», assure le président de la section locale du syndicat, François Arsenault.
Au cours des 10 dernières années, Gate Gourmet aurait perdu 18 clients. En septembre 2018, la perte d’un contrat avec Air Canada avait mené au licenciement de 250 employés.
«On n’avait aucune demande, parce qu’on sait que l’entreprise ne va pas bien. On était même très réalistes dans nos attentes parce qu’on comprend que la situation actuelle est difficile», témoigne M. Arsenault
Allégations
Compte tenu des difficultés éprouvées par l’industrie aérienne, Gate Gourmet a peut-être privilégié mettre ses employés en lock-out plutôt que de les mettre à pied, estime M. Arsenault.
«Cela permettrait de ne pas avoir à débourser les compensations liées aux mises à pied», remarque-t-il.
L’entreprise n’a pas fait appel à un avocat pour ses négociations, ce qui laisse M. Arsenault perplexe. «Je n’ai jamais vu cela en 30 ans. Ça m’amène à penser qu’il s’agissait peut-être d’une stratégie planifiée.»
Gate Gourmet emploie une cinquantaine de personnes, dont une trentaine a été mise à pied depuis le début de la pandémie.
Une vingtaine de salariés, les plus anciens, étaient retournés au travail en juin. Ils comptent au moins 20 ans d’expérience.
Gate Gourmet n’a pas répondu aux appels de Métro.