Quatre étudiants du cégep André-Laurendeau, à LaSalle, se rendront au Nunavut en juin dans le cadre de leur projet de fin de DEC, afin de récolter des données sur les changements climatiques et leurs répercussions pour les habitants des territoires nordiques canadiens.
Baptisé Projet Nord, ce stage permettra aux finissants du programme de sciences de la nature de partager leurs apprentissages avec les jeunes de la communauté d’Arviat, située sur la rive ouest de la Baie d’Hudson. Eux aussi transmettront leurs connaissances des enjeux liés à l’environnement.
«Les changements climatiques sont au cœur de l’actualité et il est de plus en plus important d’en faire connaître les conséquences, soutient Alexandre Jolicoeur, 19 ans, qui participera à l’aventure qui est en préparation depuis deux ans.
Au total, il passera dix jours au Nunavut avec ses collègues à colliger des données scientifiques, notamment sur l’eau, le pergélisol et les carcasses d’animaux rapportés par les chasseurs de l’endroit.
Les informations recueillies serviront non seulement à compléter leurs études, mais aussi à faire progresser la recherche, par l’entremise des prochaines cohortes d’étudiants du cégep.
Le projet est doté d’un budget de 30 000$, amassé par des activités de financement et une contribution de la part du cégep. Les billets d’avion coûteront à eux seuls 15 000$.
«Lancer un projet comme celui-là, c’est très difficile, soutient l’enseignante qui accompagnera les quatre étudiants, Myrella Bergeron-Prévost. Le travail d’être pionnier dans le domaine est doublé».
Elle a pu constater que des initiatives du genre sont souvent plus difficiles à organiser au national, contrairement à celles en pays étrangers ou en développement. «Tout ça passe sous le radar, à la fois pour le financement et la visibilité».
Réalité inuit
En plus du volet environnemental, les quatre cégépiens en apprendront sur la communauté inuit, ses coutumes et surtout les problématiques sociales qui la touchent.
«Celles-ci sont associées à un haut taux de pauvreté, nous n’y échappons pas», explique la chercheuse Shirley Tagalik, spécialisée en santé mentale et en enseignement des saines habitudes alimentaires.
«Il n’y a pas d’industrie, pas de travail ici, sinon des emplois de service. Le plus gros employeur est une mine d’or éloignée, seulement accessible en avion».
Les conditions de vie ne sont pas optimales dans la communauté d’Arviat. Le manque de travail empêche souvent les habitants de se procurer des denrées de base déjà hors de prix, comme les fruits et les légumes, tandis que les maisons sont souvent surpeuplées.
«Nous sommes la deuxième plus grande communauté du territoire et la population est ici très jeune», souligne-t-elle. Près de 60% des habitants ont moins de 16 ans.
Montréalaise d’origine, Mme Tagalik habite depuis une quarantaine d’années dans ce village inuit de 3000 habitants, à plus de 1260 kilomètres à vol d’oiseau au nord de Winnipeg, le centre urbain le plus près.
Elle souligne que des efforts sont entrepris depuis déjà plusieurs années pour encourager les membres de la communauté à développer une façon maintenir la culture et les traditions, tout en les adaptant aux nouveaux outils technologiques.
La visite des étudiants du cégep André-Laurendeau est donc une opportunité pour les gens d’Arviat d’établir des liens avec eux et de partager leurs propres recherches, un échange qui pourrait mener éventuellement à un partenariat plus développé avec le département des sciences de la nature du cégep André-Laurendeau.