Le manque criant de personnel a fait en sorte que les infirmiers et infirmières du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de l’Ouest-de-l’Île ont dû effectuer 141 485 heures supplémentaires en 2015 seulement, ce qui se traduit par des dépenses de plus de 4 M$.
Selon les données obtenues par TC Media grâce à une demande d’accès à l’information, 290 employés ont quitté leurs postes et d’autres se sont prévalus de 20 036 congés de maladie l’année dernière.
«Il y a beaucoup de temps supplémentaire obligatoire et un manque évident de personnel», explique Michel Léger, président des professionnels en santé unis.
Le personnel infirmier de premier échelon reçoit un salaire de 23,09$ l’heure et celui au sommet de l’échelle touche 41,88$. L’employé est payé à temps et demi pour les heures supplémentaires. Par conséquent, la facture dépasse largement les 4 M$ pour l’année 2015.
Si la situation s’améliore à l’urgence de l’hôpital de LaSalle, le manque de ressources affecte les soins intensifs et l’unité familiale des naissances où sont pratiqués près de 4000 accouchements par année.
Présidente du Syndicat des infirmiers, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes du CSSS Dorval-Lachine-LaSalle, Joanne Riendeau dénonce le manque d’inhalothérapeutes «qui font du temps supplémentaire obligatoire et travaillent parfois pendant 16 heures», dit-elle.
Elle ajoute que des infirmières souffrant d’épuisement professionnel reviennent au travail «même si elles ne sont pas prêtes 100%» après avoir rencontrer le médecin de l’employeur.
«Nous n’obligerons jamais quelqu’un de malade à revenir travailler parce qu’elle ne sera en mesure d’offrir les services adéquats. Certaines font un retour progressif», soutient Claire Roy, la chargée de communications du CIUSSS.
Un affichage de postes qui tarde
Le syndicat affirme que l’affichage des postes vacants est déficient. «Ça prend des mois et certains n’ont pas été affichés depuis plus d’un an. Nous avons 30 griefs pour des postes non comblés», explique Joanne Riendeau.
Le CIUSSS réplique qu’il y a un roulement important avec les départs à la retraite. «Il faut recruter les bonnes personnes et prendre le temps de bien les former», explique Claire Roy.
Le syndicat ajoute que de la main-d’œuvre du secteur privé est parfois utilisé pour les remplacements et coûte plus chère. Le CIUSSS confirme que c’est le cas, mais ajoute que c’est en dernier recours.
La porte-parole de la direction, Mme Roy souligne que le nombre d’heures supplémentaires a diminué de 15% en un an, puisqu’il y en avait eu 165 000 l’an dernier, que l’équipe de gestion est stabilisée et que les résultats s’améliorent, mais elle reconnaît qu’il reste encore beaucoup à faire.
«Notre objectif ultime serait ne n’avoir aucune heure supplémentaire. Nous sommes à centraliser des listes de rappels de chaque établissement, ce qui facilitera les remplacements», dit-elle.