Revenus compromis par la crise sanitaire, capacité d’accueil réduite, subventions qui tardent à être versées, le Théâtre Denise-Pelletier a été profondément affecté par la crise de la COVID-19. Tant et si bien qu’il ne peut pas garantir une programmation en 2021.
«Si vous me demandez ce que sera la saison d’hiver, ma réponse c’est, « je ne le sais pas »», lance d’emblée Rémi Brousseau, directeur général du théâtre Denise-Pelletier.
À cause de la crise sanitaire, le théâtre situé dans Hochelaga-Maisonneuve a choisi de ne pas s’engager sur une programmation après décembre 2020.
«On avait trop de questions sans réponses. On s’est dit qu’on allait voir comment l’automne se déroule pour ajuster une saison d’hiver», justifie M. Brousseau.
«On avance avec des incertitudes, des consignes qui peuvent changer ou devenir plus strictes; le gouvernement peut interdire les spectacles en salle s’il y a une reprise de la pandémie.» – Rémi Brousseau, directeur général du théâtre Denise-Pelletier
Côté financier, le théâtre Denise-Pelletier «s’en tire», concède son directeur général, mais les pertes seront assurées si la salle doit fermer à nouveau en raison de la pandémie.
Actuellement, le gouvernement impose aux salles de spectacles une capacité réduite. La salle Fred-Barry, dotée de 130 fauteuils, ne pourra accueillir que 30 personnes à la fois. La salle Denise-Pelletier, elle, devra condamner les trois quarts de ses 800 sièges.
Du théâtre malgré tout
«Notre désir était de se rapprocher de notre public», explique Rémi Brousseau, heureux de pouvoir proposer une programmation dès la fin du mois de septembre.
Ainsi, trois spectacles, dont deux créations, seront proposés jusqu’en décembre 2020.
Pour séduire les spectateurs, dont certains risquent d’hésiter avant de revenir en salle, le théâtre Denise-Pelletier réduira les prix des billets, et du même geste, ses revenus.
Les spectacles seront donc plus modestes, comptant moins d’acteurs sur scène.
«On est plus économes, on n’a pas les mêmes moyens qu’avant», lance M. Brousseau.
Les coûts de production demeurent tout de même élevés. Les cachets des artistes par exemple, ne sont pas deux fois moins chers qu’à l’habitude, même si les capacités d’accueil sont réduites.
Subventions
Le théâtre Denise-Pelletier a reçu une subvention de fonctionnement via le ministère du Patrimoine canadien. «On attend la même chose de la part du provincial, note M. Brousseau. Ce que l’on sait pour le moment, c’est que le gouvernement du Québec a annoncé 20M$ distribués parmi 300 organisations.» Reste à voir quelle sera sa part du gâteau.
Ce qu’il regrette, c’est qu’«un peu comme toujours, pandémie ou pas, dans le cadre d’une récession économique, c’est le secteur des arts qui est le premier à écoper, et dans le cadre d’une reprise, c’est le dernier à en bénéficier».
Cela dit, le théâtre Denise-Pelletier n’en est pas à sa première tuile financière en 55 ans. «On a déjà connu des situations complexes. La compagnie a déjà eu des déficits importants», raconte M. Brousseau. Notamment lors du boycottage des sorties théâtrales pour élèves dans le cadre de la négociation des conventions collectives des enseignants.
«On n’est pas infaillible, mais je pense que le fait d’avoir traversé les décennies contre vents et marées, on a une certaine confiance en l’avenir», conclut-il.
Programmation d’automne
That Moment – Le Pays des cons de Nicoleta Esinencu, du 29 septembre au 17 octobre 2020 à la Salle Fred-Barry.
Théâtre politique, entre récit réaliste et conte, la pièce dépeint les tourments d’une société où tout se vend et tout s’achète. Inspirée de faits réels ayant eu cours en Moldavie.
Je cherche une maison qui vous ressemble, une création du théâtre Denise-Pelletier, du 7 au 17 octobre 2020, pour cinq représentations, à la Salle Denise-Pelletier.
Le spectacle mêle poésie, documentaire, musique et théâtre pour ranimer la fièvre passionnelle de Pauline Julien qui a laissé, tout comme son grand amour Gérald Godin, un héritage marquant pour le Québec.
Amours propres, à la Salle Denise-Pelletier de Claude Poissant et Louis-Karl Tremblay, du 4 au 21 novembre 2020 à la salle Denise-Pelletier.
Depuis le début du confinement jusqu’à maintenant, Claude Poissant et Louis-Karl Tremblay se sont réunis pour relire et trouver dans les différents répertoires classique et contemporain des scènes d’amour, de passion et de séduction afin de voir comment elles pourront vivre en cette année bouleversante. En cours de travail, certaines thématiques qui ont nourri l’actualité se sont invitées dans cette création.
Plus d’infos sur www.denise-pelletier.qc.ca