Le Regroupement des usagers du transport adapté et accessible de l’île de Montréal (RUTA Montréal) et Ex aequo, organisme défendant les droits des personnes ayant une déficience motrice, rapportent que les citoyens vivant avec un handicap ne sont pas encore satisfaits du déneigement à Montréal.
Des gens sont pris dans des bancs de neige, ou attendent leur transport adapté dans la rue parce que leur débarcadère n’est pas déneigé. D’autres refusent carrément de sortir anticipant les problèmes qui les attendent pour avoir déjà vécu de mauvaises expériences.
Le tableau présenté à Métro par Olivier Dupuis, agent de défense des droits, responsable du dossier Habitation et vie municipale chez Ex aequo, illustre les difficultés que rencontrent encore les personnes en situation de handicap durant l’hiver.
Ex aequo et RUTA Montréal travaillent ensemble pour faire appliquer l’accessibilité universelle, laquelle plaide en faveur de la réalisation d’environnements sans obstacles pour toutes les clientèles. telles que les personnes à mobilité réduite, malentendantes ou aînées.
Constats amers
Les deux organismes disposent d’un outil qui leur permet d’évaluer la satisfaction des usagers. Il s’agit de l’Escouade neige , un questionnaire à travers lequel principalement des personnes à mobilité réduite ou ayant des limitations fonctionnelles en terme de motricité, de déficience visuelle et autres font connaître leur expérience de déneigement.
Le débarcadère qui n’est pas déneigé en même temps que le trottoir, le trottoir qui reste enneigé plusieurs jours après la tombée de la neige, les intersections mal déneigées… sont quelques-uns des problèmes soulevés au journal par Valérie Rioux de RUTA Montréal.
Comme M. Dupuis, elle réalise que cette année, la qualité du déneigement laisse à désirer tout comme aux hivers précédents. Elle répète qu’il y a des personnes qui ne peuvent pas sortir de chez elles pendant quatre à cinq jours à cause de mauvaises pratiques de déneigement.
«Avec la COVID, les personnes en situation de handicap vivent encore plus l’isolement par rapport à la neige. [Assurer] la chaîne de déplacement, c’est dire qu’un trajet doit être accessible du début à la fin pour que la personne puisse se déplacer de manière sécuritaire», souligne-t-elle.
Politique de déneigement de la Ville
Pour sa part, la Ville de Montréal nous a signifié par courriel qu’en hiver, elle et les arrondissements ne ménagent aucun effort pour faciliter les déplacements et assurer la sécurité de la population. Elle rapporte avoir organisé récemment une rencontre avec la Société de transport de Montréal (STM) et Ex aequo en vue d’échanger sur leur expérience sur le terrain.
«La collaboration se poursuit dans l’optique de cibler des pistes d’amélioration adaptées à la réalité de toutes les citoyennes et de tous les citoyens, notamment ceux qui ont une déficience motrice et qui vivent avec un handicap», fait observer Gabriel Fontaine-Giroux, relationniste à la Ville de Montréal.
Elle souligne une amélioration de la politique de déneigement et une bonification des normes de service depuis 2019. Selon son point de vue, la Ville effectue plus fréquemment et dans un délai plus court, les opérations de chargement de la neige.
«Le déblaiement de la neige, sur les trottoirs notamment, ne débute plus à 5 cm, mais à 2,5 cm, ce qui signifie que l’épaisseur de neige tolérée a diminué de moitié», note Mme Fontaine-Giroux.
Montréal rappelle par ailleurs, la présence dans sa politique de déneigement et des contrats de déneigement, des normes en accessibilité universelle, touchant notamment le dégagement des rayons et des descentes de trottoirs, sans oublier les débarcadères pour personnes à mobilité réduite.
RUTA et Ex aequo rencontrent les arrondissements
Pour une meilleure sensibilisation aux enjeux du déneigement dans la métropole, RUTA et Ex aequo, qui composent d’habitude avec la Ville centre, s’orientent aussi vers les arrondissements avec lesquels ils tiennent, cette année, des rencontres. «C’est la première fois qu’on cible les arrondissements par rapport au dossier du déneigement», admet Mme Rioux.
Les organismes expliquent leur démarche par le fait que les arrondissements sont responsables du suivi de la gestion des contrats de déneigement sur leur territoire, et qu’il importe de les sensibiliser à l’accessibilité universelle.
«On voit une certaine écoute, puis on espère qu’il y a des choses qui vont changer, mais pour l’instant, c’est pas ce qu’on constate», mentionne M. Dupuis.