Pendant que les parents apprennent le français ou jouent au soccer dans le gymnase, leurs enfants, dans d’autres classes de l’école, se font des amis qui ont un vécu similaire. C’est ce que vivent chaque samedi, de septembre à juin, plus d’une centaine d’Ukrainiens inscrits à l’école ukrainienne Taras Shevchenko. Ouverte de 9h à 13h30, l’école vise à renforcer la culture ukrainienne, à soutenir les réfugiés ukrainiens et à les aider à s’intégrer. Métro a eu la chance d’y passer une matinée.
Empruntant trois étages de locaux dans l’école secondaire Eulalie-Durocher à Hochelaga, l’école Taras Shevchenko, qui existe depuis la première vague d’invasion de l’Ukraine en 2014, «est une grande famille», raconte la responsable du centre, Oksana Gerych. Lorsqu’elle entre dans l’une des classes de prématernelle, les enfants délaissent leurs jouets et s’empressent de courir lui faire des câlins avec une joie palpable.
«Il y a des gens qui arrivent jeunes et qui se rendent jusqu’à la graduation avec nous. Il y a même des gens qui se rencontrent et se marient», raconte-t-elle.
En marchant dans les couloirs, on entend des rires, des conversations d’enfants en ukrainien et de la musique en provenance des différentes classes. Des cours de niveau primaire et secondaire en mathématiques, en musique et en langues sont notamment offerts. «On veut que ce soit plaisant pour éviter la pression», nous explique Oksana. «Les élèves sont inscrits à l’école régulière aussi, donc en venant ici, ça leur fait six jours par semaine. On s’arrange pour qu’ils aient envie de continuer à venir.»
Les sourires des élèves – soudés par une réelle camaraderie – qui nous accueillent lorsqu’on entre dans l’une des classes de niveau secondaire montrent que l’objectif est atteint. Les professeurs aussi sont heureux de contribuer à leur communauté.
S’ils ne sont pas tous des réfugiés, la proportion d’élèves qui arrivent directement d’Ukraine a augmenté depuis le déclenchement de la guerre. Alors qu’un coût est à débourser pour les familles qui ne sont pas réfugiées, toutes les activités sont gratuites pour celles qui fuient la guerre. «Il y a beaucoup de soutien», mentionne Oksana.
«Certains élèves sont nés ici. Avoir des cours en ukrainien, c’est une façon d’apprendre et de préserver leur culture. Certains parents issus d’un mariage mixte viennent aussi apprendre l’ukrainien ici. Il y a des familles qui viennent de partout dans le Grand Montréal», nous explique Oksana, en nous dirigeant vers un cours de français pour adultes.
«Pour les parents, on propose des cours de français, de sport et, par exemple, des cours d’affaires où on présente les différentes aides disponibles pour se lancer en affaires», expose la responsable.
Des besoins criants
Si la mission de l’école Taras Shevchenko est appréciée de la grande famille ukrainienne, et surtout des réfugiés pour qui l’intégration à la culture québécoise et aux méthodes d’enseignement québécoises peut être un défi, l’école requiert un soutien financier constant pour continuer d’offrir ses services. Des activités de financement sont organisées par plusieurs personnes qui sont touchées par la mission de l’organisme, mais aucun soutien gouvernemental n’est accordé pour l’instant.
«Il faut payer les enseignants convenablement pour maintenir une bonne qualité d’enseignement, même s’ils ne sont pas ici pour faire fortune», commente Oksana, qui relate aussi que la location de l’école représente une dépense importante.
Alors que le 24 février marquera le premier anniversaire du début de l’invasion de l’Ukraine, Oksana attend toujours un soutien institutionnel pour sa mission. Entre-temps, elle est constamment à la recherche de commandites et de dons personnels dans le but de maintenir l’aide qu’elle procure aux réfugiés et à la communauté ukrainienne de Montréal.
Pour faire un don ou pour vous renseigner davantage sur les services offerts par l’école ukrainienne Taras Shevchenko, contactez Oksana à ogerych@yahoo.ca.