Karl Soulière-Crépeau n’avait aucune idée de ce qui l’attendait lorsqu’il a lancé un événement sur Facebook pour récolter des vieux t-shirt afin d’en faire don aux plus pauvres. En quelques jours, plus de 2000 morceaux de vêtements ont atterri dans son appartement, qu’il s’est chargé de redistribuer à trois organismes du quartier.
«J’ai créé l’événement cinq minutes avant d’aller me coucher. Je n’avais aucune idée de la réponse que j’aurais et finalement ça a tellement marché!» lance-t-il, encore surpris du succès de son initiative.
Au départ, la récolte devait se limiter à des t-shirts à l’effigie de groupe de musique. Ensuite, un ami lui a donné l’idée de lier sa collecte à la cause des réfugiés. Sur les réseaux sociaux, l’appel à la générosité qu’il avait lancé à ses amis est rapidement devenu viral. En peu de temps, la pièce laissée vide dans son appartement d’Hochelaga-Maisonneuve s’est remplie de sacs.
Deux organismes du quartier, soit Répit-Providence et la Maison Tangente, ont bénéficié de son coup de tête, ainsi qu’un groupe d’étudiants de l’UQAM venant en aide aux réfugiés.
La Maison Tangente, du regroupement des Auberges du cœur, accueille les jeunes de 18 à 25 ans ayant besoin d’un toit avant de reprendre du pouvoir sur leur vie. Répit-Providence soutient les familles en difficulté en offrant des séjours de courte durée pour les enfants.
«Je voulais absolument que ça aille à des organismes qui n’allaient pas revendre les vêtements. Comme je ramassais des t-shirts de bands, je sais que ça peut se revendre assez cher dans les friperies.»
Les deux dernières semaines du développeur web à la recherche d’un emploi se sont vite remplies. Il est devenu coordonnateur: il lui fallait faire des téléphones pour trouver les organismes qui allaient rejoindre ses valeurs, mais aussi être à l’affût des messages afin d’organiser les trajets des personnes qui se sont déplacées jusqu’à son appartement pour y déposer des sacs remplis de vêtements.
«Il y avait des gens qui partaient de la rive-sud pour venir porter des vêtements, alors en chemin ils pouvaient en ramasser chez d’autres gens», explique-t-il, ravi de constater la bonté et la générosité des gens.
«On voit beaucoup de négativité. Je savais qu’il y avait du bon, mais j’étais content que les gens l’aient montré.»
Il y a d’abord eu la collecte, puis le triage.
«J’ai compté les morceaux un à un, d’abord parce que j’étais curieux, mais aussi pour les trier. Les vêtements les plus chauds sont allés au groupe de l’UQAM qui ramassait pour les réfugiés. Les moins chauds c’était pour la maison Tangente et ceux pour enfants pour Répit-Providence.»
Un don inhabituel
Le don de Karl permettra à la Maison Tangente d’organiser un «magasin de vêtements gratuits» le 21 et 22 décembre, pour les autres organismes du quartier.
«Nous avons souvent des dons de citoyens, mais pas de cette ampleur», se réjouit Johanne Cooper, directrice de la maison.
Le personnel de la maison s’est déplacé avec sa caravane pour aller chez Karl chercher plus de la moitié des dons.
Le personnel de la maison communiquera notamment avec Dopamine, un organisme qui œuvre dans la rue, mais aussi avec d’autres organismes et maisons d’hébergement pour redistribuer les vêtements dans le quartier durant le temps des Fêtes.
