Le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) a déposé une accusation contre le policier qui aurait tiré une balle de plastique sur Bony Jean-Pierre, décédé à la suite de ses blessures, lors d’une intervention qui a mal tournée.
Christian Gilbert, membre du Groupe tactique d’intervention du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), est accusé d’homicide involontaire pour
avoir «causé la mort d’un homme en commettant des voies de fait graves en utilisant une arme à feu», selon le communiqué diffusé par le DPCP.
Le geste reproché aurait été commis lors d’une opération antidrogue menée le 31 mars 2016, dans un immeuble de la rue Arthur-Chevrier, à Montréal-Nord. Lors de la rafle, Bony Jean-Pierre a été atteint par un projectile avant de faire une chute de plusieurs mètres en tentant de s’enfuir par la fenêtre. Transporté à l’hôpital, il a succombé quelques jours plus tard.
En juillet 2016, lors d’une entrevue exclusive accordée à TC Media, un témoin qui était présent dans le logement de la rue Arthur-Chevrier avait raconté ce qu’il avait vu lors de l’intervention du GTI.
L’enquête avait été remise entre les mains de la Sûreté du Québec.
Plusieurs poursuites
S’il est reconnu coupable, l’agent s’expose à une peine allant de quatre ans à la perpétuité.
Présentement, l’agent Christian Gilbert – qui a par ailleurs reçu un prix du Mérite policier en 2013 pour «son courage, sa persévérance exceptionnelle et sa loyauté sans faille envers ses collègues» – est suspendu avec solde, selon le service des communications du SPVM. Il devra se présenter devant le tribunal le 6 juillet prochain.
Puisque le dossier est devant les tribunaux, le DPCP ne commentera pas davantage. Même chose pour le SPVM qui ne veut pas «nuire à l’équité et à l’intégrité du processus judiciaire».
Tensions
La mort de Bony Jean-Pierre avait provoqué une vive colère dans le quartier. Quelques jours après l’intervention policière funeste, une manifestation pacifique pour dénoncer les circonstances du décès avait dégénéré. Une cinquantaine d’individus se sont alors rendus devant le poste de quartier 39, sur le boulevard Henri-Bourassa. Des pierres et des pétards ont été lancés. Les émeutiers avaient également fracassé des vitrines de commerces et incendié des véhicules.
Aucune arrestation n’a été faite à la suite du saccage.
«Espoir de justice» La famille de Bony Jean-Pierre, qui réclame 250 000$ dans une poursuite intentée contre la Ville de Montréal, accueille avec satisfaction l’annonce de l’accusation d’homicide involontaire envers Christian Gilbert. «Cela montre qu’il y a de l’évolution, cela donne un espoir de justice. Nous sommes contents. Nous espérons que les autorités vont voir qu’il y a eu un abus», réagit un membre de la famille Jean-Pierre qui préfère taire son nom. Ce dernier explique que les proches de Bony Jean-Pierre attendent le procès afin d’en savoir plus sur les circonstances entourant le drame. Ils espèrent également que l’accusation aura un impact positif à Montréal-Nord. «Cela va peut-être amener un peu plus de paix dans le quartier et une réconciliation entre les jeunes et les policiers. Il y a beaucoup de jeunes qui sont traumatisés par ce qui s’est passé. Nous espérons que cela va calmer le climat». |