Plus de 13 ans après la mort de Fredy Villanueva sous les balles d’un policier à Montréal-Nord, une première murale a été réalisée en mémoire du jeune homme, dans la cour arrière d’un immeuble du quartier Villeray.
L’artiste Monk.e a réalisé l’œuvre dans la foulée de l’initiative Article 47, qui désirait répondre au souhait de la famille Villanueva de voir une murale réalisée en hommage à Fredy, abattu lors d’une opération près du parc Henri-Bourassa, à Montréal-Nord, le 9 août 2008. Il n’avait que 18 ans.
La murale intitulée L’innocence de la nouvelle maison le représente enfant, vers l’âge de son arrivée au Canada en provenance du Honduras.
«Je voulais montrer la migration physique entre le Honduras et le Canada, mais aussi la migration spirituelle entre le monde physique et le monde des morts», explique Monk.e, qui a aussi réalisé des murales en hommage au chanteur Karim Ouellet et au jeune rappeur Duckerns Pierre Clermont, alias Jeune Loup.
Une longue attente
Il y a longtemps que les représentants de la famille Villanueva et des organismes de Montréal-Nord demandaient qu’une murale soit faite à la mémoire de Fredy Villanueva.
En 2018, soit dix ans après sa mort, l’arrondissement de Montréal-Nord a créé la Place de l’Espoir, près du parc Henri-Bourassa. La murale demandée n’a toutefois jamais vu le jour.
Il y avait quelque chose de latent, quelque chose de non conclu dans cette histoire. La famille attend une murale depuis plus d’une décennie. C’était important pour moi d’aider la communauté à faire le deuil, à fermer la parenthèse.
Monk.e, artiste et muraliste
« C’est l’image de mon fils»
Intimidé à l’idée de montrer son œuvre à la famille, Monk.e a été très touché de voir la mère de Fredy, Lilian Madrid Antunes, reconnaître son fils enfant, lors de l’inauguration.
«Quand j’ai vu l’image de mon fils, j’étais choquée. Les larmes commençaient à tomber. Je vois mon petit comme s’il avait dix ans. […] J’espère que tout le monde le verra comme ça, c’est l’image de mon fils», a déclaré cette dernière, par voie de communiqué.
En octobre 2021, la création d’une murale à la mémoire de Nicholas Gibbs, dans Notre-Dame-de-Grâce, a été un catalyseur pour Ricardo Lamour, alias Emrical, pour qui les conditions devaient être réunies pour que la mémoire de Fredy soit honorée.
« Il fallait de la volonté, de la sensibilité et de la capacité, mais surtout la validation de la principale intéressée, la mère de Fredy », souligne-t-il.
Les artistes ne souhaitent pas dévoiler l’endroit exact de la murale, de crainte que cette dernière ne soit vandalisée.