Cela fait plus de 30 ans que Louise Lapointe a fait son entrée dans le monde de la marionnette. Fondatrice de l’organisme Casteliers, situé à Outremont, et impliquée dans la diffusion internationale des spectacles de marionnettes, elle a été récemment sélectionnée au grade de Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres de la République française.
Il est de ces prix qui marquent à jamais la mémoire, et il est certain que la Montréalaise Louise Lapointe n’est pas près d’oublier sa nomination au grade de Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres de la République française, accordée par la ministre de la culture Roselyne Bachelot-Narquin.
«C’est un grand pas pour l’art de la marionnette!», s’exclame-t-elle, en se réjouissant de la portée que peut avoir un tel prix pour le domaine. «Je veux vraiment partager cet honneur-là avec tout le milieu d’ici et d’ailleurs.»
Une découverte artistique
Remontons quelques années en arrière, aux alentours des années 1980. Louise Lapointe est une jeune diplômée en arts visuels de l’université Laval, qui entreprend un nouveau baccalauréat en scénographie à l’Institut de Ryerson à Toronto. Là-bas, elle y fait la rencontre du marionnettiste et metteur en scène, Félix Mirbt, qui vient mettre en scène le spectacle des finissants.
«Il a vraiment marqué l’art de la marionnette au Canada et dans le monde […] ça m’a tout de suite donné la piqûre, j’ai trouvé que c’était un travail magnifique»
Coup de foudre professionnel, elle travaille plusieurs années avec lui à Montréal, un emploi partagé entre la confection de marionnettes et l’accompagnement dans la mise en scène des spectacles. Ce 11e art est, pour l’artiste, un parfait mélange entre ses compétences en arts visuels et en théâtre.
De 1988 à 2011, elle est technicienne de scène et accessoiriste pour le Conservatoire d’art dramatique de Montréal, où elle se perfectionne dans la conception plastique.
C’est un art millénaire qui demeure contemporain […] il m’interpelle par sa poésie, son côté métaphorique qui m’émeut et qui peut répondre à certaines de nos réponses existentielles
Louise Lapointe
De Montréal à l’international
En 1991, Louise Lapointe saute sur l’opportunité de pouvoir étudier une année en France, à l’École Nationale Supérieure des Arts de la Marionnette à Charleville-Mézières, dans le cadre d’un cours intensif sur les techniques de fabrication.
«Ça a été un tournant dans ma vie, ça m’a ouvert au monde international de la marionnette et à l’ampleur des traditions à travers le monde»
À son retour à Montréal, elle s’implique dans l’Association québécoise des marionnettistes (AQM), puis elle intègre l’Union International de la Marionnette (UNIMA) en 2001, et devient par la suite présidente de la Commission des Festivals internationaux.
En 2005, elle crée l’organisme Casteliers, spécialisé dans la diffusion des arts de la marionnette. C’est un moyen pour elle de pallier au manque de lieux de diffusion dans cet art à Montréal. L’Arrondissement d’Outremont lui propose de faire un premier événement au sein du Théâtre Outremont. Victime de son succès, l’événement devient au fil des années un festival annuel qui présente des spectacles venus du monde entier. La 17e édition se déroulera prochainement, du 2 au 6 mars. Par la suite, Casteliers s’installe à Outremont et s’implique dans le quartier tout en continuant à diffuser des spectacles pendant l’année.
Dans les années 2010, Casteliers s’allie avec l’AQM pour mettre en place la Maison internationale des arts de la marionnette (MIAM), un lieu de recherche et de création centré sur la marionnette qui ouvre ses portes en 2019 à Outremont.
Si Louise Lapointe a reçu une distinction française, c’est parce qu’elle n’a eu de cesse de collaborer avec les artistes du pays, notamment dans le cadre du festival. Si ce prix salue son implication dans la diffusion du 11e art, il récompense, avant tout, une grande amoureuse de la marionnette.