On peut vivre avec une déficience motrice et être un membre actif de sa communauté, s’efforce d’inculquer depuis 38 ans l’Association d’entraide des personnes handicapées physiques de Montréal (ALPHA).
«Après avoir quitté mon travail, j’étais isolée chez moi, je me trouvais moche à cause du poids que m’avaient fait gagner les médicaments que je prenais, j’avais perdu confiance en moi», témoigne Diane Ross, victime d’un accident vasculaire cérébrale en 2010.
Mme Ross vit avec une démence frontotemporale, est écrivaine, artiste, poète et membre du conseil d’administration à l’ALPHA.
Cette instructrice bénévole en arts codirige des ateliers de tricots, dont les participants confectionnent des foulards. Ces foulards sont distribués depuis deux ans durant la Nuit des sans-abri, en octobre.
«Je trouvais ça important parce que beaucoup de personnes handicapées reçoivent des services, mais se sentent inutiles, alors avec l’activité, les gens sentent qu’ils font de quoi pour la société», explique Mme Ross.
Réhabituer
Comme Mme Ross, Sylvie Thiffault, membre depuis 2008, a elle aussi «beaucoup appris» durant les ateliers de l’ALPHA sur l’estime de soi.
Grâce à un programme d’Emploi-Québec, cette dame atteinte de paralysie cérébrale et éloignée depuis longtemps du marché du travail œuvre à l’ALPHA afin de développer ses habiletés sociales et son employabilité.
«C’est notre 2e maison ici parce que c’est chaleureux, n’hésite pas à dire l’habituée du bénévolat. Je continuerais ici même s’il n’y avait plus le programme.»
Mission
Depuis sa création en 1979, l’ALPHA tente de briser l’isolement des personnes handicapées grâce à des activités de loisirs. Elle fait aussi valoir leurs droits, les réfère vers des services et valorise leurs participations sociale et professionnelle.
Même son directeur général depuis 28 ans et récipiendaire d’une médaille de l’Assemblée nationale l’été dernier a bénéficié des services de l’organisme.
«Quand j’ai eu mon accident, j’étais paralysé des deux mains et des deux jambes, raconte Michel Réhel. Un ami m’a invité à venir jouer au bowling, mais je ne voyais pas comment je pouvais […] Il m’a entraîné, et c’est là que j’ai connu l’ALPHA et que j’ai découvert que je pouvais encore jouer au bowling, même en fauteuil roulant.»
«Quand t’as un accident, un handicap, tu penses que tu ne peux plus rien faire, mais ce n’est pas vrai.»
– Michel Réhel
Faire connaître
Le 10 décembre dernier, l’ALPHA a tenu une rare, sinon une première, journée portes ouvertes, au Centre communautaire Mainbourg. L’événement servait à faire connaître l’organisme, notamment auprès des 18-35 ans.
«On développe un volet jeunesse parce que notre clientèle est de plus en plus âgée et on veut attirer plus de jeunes qui ont des handicaps et qui ne nous connaissent pas», soutient le directeur général.
L’organisme est logé au Mainbourg depuis son ouverture en 2003 et a contribué à le rendre accessible pour les gens avec des déficiences.
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