Un formateur agréé de Pointe-aux-Trembles et une entrepreneure et survivante du cancer de Magog s’associent afin de développer une formation sur la production de beurre et d’huile de cannabis.
Michel Auger, qui offre une formation sur les bonnes pratiques de culture de cannabis à des fins médicales depuis octobre dernier, aide la conférencière Véronique Lettre à développer la nouvelle formation.
Convaincus des bienfaits du cannabis pour calmer les douleurs, la fatigue et d’autres effets secondaires de la chimiothérapie, les deux promeuvent sa consommation sous forme de beurre et d’huile plutôt que son inhalation, plus toxique et comportant plus de désagréments.
«Ce que j’aime beaucoup aussi avec l’huile et les comestibles, c’est que l’effet peut durer plus longtemps, alors qu’en fumant, l’effet se fait sentir plus vite, mais il dure moins longtemps», soutient Mme Lettre, atteinte d’un cancer du cerveau en 2009 et d’un cancer du sein en 2015.
«L’huile et le beurre, c’est moins toxique et ça peut ensuite être absorbé en le mangeant ou sous forme de suppositoire», ajoute M. Auger.
Un à deux mois
M. Auger et Mme Lettre peaufinent encore la standardisation et les détails de leur formation. Mais si tout va bien, ils espèrent l’offrir à Montréal d’ici un à deux mois.
Auteure de deux ouvrages humoristiques sur ses batailles contre le cancer, propriétaire d’un café et, plus récemment, coresponsable d’une clinique de cannabis médicinal à Magog, Mme Lettre explique qu’elle offrait déjà des formations à des professionnels de la santé, des conférences au grand public et des ateliers de cuisine.
Toutefois, après avoir appris à faire le beurre et l’huile de cannabis auprès d’un chef à Los Angeles, elle s’est mise à nourrir l’ambition de faire du comestible. «Au fond, Michel enseigne aux gens à faire pousser et moi, ensuite, je leur montrerai à transformer», résume-t-elle.
Légaliser le comestible
Mme Lettre souhaite que les formes comestibles soient elles aussi légalisées à des fins récréatives le 1er juillet prochain grâce au projet de loi C-45.
Elle a d’ailleurs fait valoir son opinion dans un mémoire déposé aux consultations sur l’encadrement du cannabis au Québec, lancées l’été dernier.
«Le danger, c’est que les gens commandent ailleurs, sur internet par exemple et que cette économie sorte du Québec», craint celle qui voit une industrie avec beaucoup de potentiel.
Le Règlement sur l’accès au cannabis à des fins médicales autorise déjà aux utilisateurs munis d’une ordonnance de posséder et de transformer différentes formes.
Par contre, le projet de loi C-45, qui légaliserait la consommation à des fins récréatives à partir du 1er juillet prochain, mentionne uniquement le cannabis séché et son huile.
Cela pourrait toutefois changer avec la consultation menée par Santé Canada de novembre à ce mois-ci, indique le ministère fédéral.