Plus de 600 enfants de Pointe-aux-Trembles sont inscrits sur la liste d’attente Guichet unique Place 0-5 afin d’avoir une place en service de garde. Une situation qui cause du stress chez plusieurs parents, alors que le développement de leur tout-petit, leur propre bien-être et leur santé financière sont en jeu.
Lynda est mère à la maison depuis trois ans. La résidente de Pointe-aux-Trembles aurait souhaité réintégrer le marché du travail dès juin dernier, mais la crainte de la COVID lui a fait attendre jusqu’en décembre avant d’inscrire son fils au Guichet unique.
Toujours en attente d’une place cinq mois plus tard, elle se préoccupe du développement social de son fils, qui n’a jamais de contacts avec d’autres enfants. «En juin, il va avoir 4 ans. Il est hyper attaché à moi, et ça commence à m’inquiéter.»
En contexte d’isolement social, et sans famille pour lui permettre ne serait-ce que 15 minutes de répit alors que son conjoint travaille, elle se sent épuisée. «Ma santé mentale, c’est dur. Je ne suis pas vraiment épanouie, même si je passe d’excellents moments avec mon fils.»
Guichet unique
En date du 31 décembre 2020, le nombre d’enfants en attente au Guichet unique (Place 0-5) pour le territoire de Pointe-aux-Trembles était de 689, selon des données du ministère de la Famille. L’année précédente, ils étaient 616.
Une légère augmentation qu’observe aussi Sylvie Bilodeau, directrice adjointe du CPE La Flûte enchantée. L’établissement comptant 140 places avait 499 noms en liste d’attente au début avril pour ses deux installations, contre environ 440 l’an passé.
Ce problème ne date cependant pas d’hier, dénonce Sophy Forget Bélec, présidente de l’Association québécoise des milieux familiaux éducatifs privés. La pointelière a elle-même été en attente plusieurs années sur ce site pour finalement avoir une réponse positive alors que son fils allait entrer en maternelle.
«On dénonce depuis des années (que) la liste (de la place 0-5) n’est pas suivie par priorité d’inscription, mais selon les critères de ce que l’installation recherche. C’est pour ça qu’il n’a jamais de place pour les poupons. Il y a toujours la fratrie ou un membre du personnel qui ont la place. »
Dans ce contexte, difficile pour Anne-Marie, une maman qui habite Pointe-aux-Trembles depuis mars, de savoir à quel moment elle aura une place en garderie dans le secteur. «Chaque soir, à 16h, mon conjoint part vers Rosemont pour chercher ma fille à la garderie, et il revient vers 17h (..) On perd beaucoup de temps dans le voyagement».
Sur des listes de six garderies différentes, elle en préfèrerait une en particulier, mais ne saura qu’en mai si elle peut y avoir une place. « Si une autre garderie nous appelle avant mai, les places sont tellement rares qu’il faut dire oui un peu à n’importe quoi », déplore-t-elle.
Garderies non subventionnées
Face à cette situation, Anne-Marie se résout à l’idée de prendre une garderie en milieu non-subventionnée, pour laquelle elle évalue qu’elle devrait payer 4000$ de plus par année. «Ça fait une énorme différence au niveau monétaire».
«À Montréal, ces places-là (en milieu non subventionnées) sont vides, mais coutent entre 55 et 65 dollars par jour. Quelqu’un qui fait un salaire familial de 100 000$, va payer facilement 10 000$ de plus par année », dénonce Mme Forget Bélec.
Selon le calculateur du coût d’une place en service de garde du gouvernement du Québec, un foyer ayant un revenu familial de 100 000$ paierait 9 dollars par jour pour une garderie non subventionnée ayant un tarif de 35$. Pour une garderie ayant un tarif de 50$, la contribution du ménage augmenterait à 22$.