«Il faut que les trois lettres R, D, P soient associées à chaque fois qu’on parle d’un nouveau mode de transport collectif [dans la région métropolitaine de Montréal]», a à nouveau martelé Caroline Bourgeois, mairesse de l’Arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles.
L’Arrondissement avait organisé une rencontre avec les citoyens au centre récréatif de RDP, le mardi 21 juin, afin de présenter l’étude réalisée par les équipes techniques concernant un prolongement du REM de l’Est dans le district.
«On ne peut pas appeler ce projet REM de l’Est s’il n’inclut pas RDP», a soutenu la mairesse devant la cinquantaine de résidents présents ainsi que tous ceux qui suivaient la rencontre en webdiffusion.
Dans un mot d’introduction, elle a souligné que malgré les motions votées en 2021 et les démarches citoyennes, «on ne voyait toujours pas d’officialisation de prolongement de la branche [du REM de l’Est] vers RDP».
Alors que le projet initialement mené par CPDQ Infra «revient maintenant dans les mains du secteur public», l’Arrondissement de RDP-PAT souhaite saisir «les nouvelles opportunités» que cela implique. Cette soirée visait à présenter sa vision du projet, mais aussi à écouter la population et à prendre en compte leurs arguments.
Trois stations pour RDP
Le quartier «n’est pas un petit village» et «l’évolution de la population n’est pas terminée», rappelait Luc Castonguay, directeur du développement du territoire et des études techniques à l’Arrondissement.
Dans le scénario envisagé, le REM de l’Est serait prolongé le long du boulevard Maurice-Duplessis, du cégep Marie-Victorin au bout du district. Un axe qui permettrait de rejoindre à la fois les secteurs résidentiels, mais aussi les zones d’emploi de Rivière-des-Prairies.
Celles-ci, situées au sud du quartier, entre l’autoroute 40 et Maurice-Duplessis, comptent plus de 5500 travailleurs, sans même compter la zone Anjou, toute proche.
«On rencontre fréquemment des entreprises locales [confrontées à la] difficulté de transporter [la] main-d’œuvre jusque dans l’Est», précisait M.Castonguay.
En entrevue avec Métro, l’Association des gens d’affaires de RDP (AGARDP) indiquait en outre qu’«avec le REM, il y aurait une augmentation de population et de l’achalandage. Cela entraînerait plus d’achat local, plus d’argent pour les commerces, donc plus de variété de produits» pour les Prairivois.
La distance de 2 km serait celle retenue entre chaque station. L’Arrondissement propose ainsi trois stations du REM pour RDP, le long de Maurice-Duplessis: Armand-Bombardier, Rodolphe-Forget et Saint-Jean-Baptiste. Les deux premières permettraient de rejoindre, à distance de marche, 26 500 résidents (46% de la population) dans un rayon de 1 km, et 56% pour l’ensemble de ces arrêts.
Une «opportunité de développement à la fois pour les gens qui vont habiter» autour, et aussi pour les commerces «qui auront plus de clients à distance de marche» selon le département des études techniques.
Cela permettrait ainsi de réduire la part de l’automobile. Plus de 90% des logis possèdent au moins une voiture, contre 71% dans l’ensemble de Montréal.
La parole aux citoyens
À plusieurs reprises, M. Castonguay et la mairesse ont rappelé être «curieux d’entendre [la population]», et ne pas vouloir se précipiter dans un choix particulier.
Les résidents ont formé des groupes de paroles d’une dizaine de personnes afin de discuter des idées présentées et de faire ressortir leurs revendications et attentes concernant l’offre de transport collectif à RDP. Ils étaient invités à s’exprimer sur la zone à privilégier – commerciale, résidentielle ou industrielle –, et leurs diverses préoccupations.
Concernant ce premier débat, aucune position n’a fait l’unanimité, même si l’idée d’un REM le long de Maurice-Duplessis a semblé convaincre une majeure partie des personnes présentes.
Min, externe en soins infirmiers au CHUM et résident de RDP, pointait l’importance de se doter d’un transport collectif qui s’intègre bien dans le quartier, et ne crée pas «une fissure» en devenant «une autoroute métropolitaine» sur le boulevard.
«Entre aujourd’hui et la finalisation de ce projet dont on ne connaît pas la date […], on veut qu’il y ait des mesures prises entre-temps pour répondre aux besoins actuels» des Prairivois, a-t-il ajouté.
Sur l’épineuse question d’un prolongement souterrain, l’option largement préférée par les citoyens et l’Arrondissement, il paraît peu probable qu’elle soit retenue par l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM). En ce qui concerne les coûts, rappelons, à titre d’exemple, que le prolongement de la ligne bleue coûterait 1035 M$/km, contre 320 M$/km pour un REM de l’Est aérien.
Comme le résumait une citoyenne lors des échanges: «On préfère un REM aérien que rien du tout. Faudrait pas que le mieux devienne l’ennemi du bien.»
Quelques contraintes techniques
Certains éléments exposés par l’Arrondissement dans le cadre du prolongement du REM de l’Est à RDP font l’objet d’enjeux techniques. Parmi ces derniers, le franchissement de l’A-25, à la hauteur du cégep Marie-Victorin, jusqu’auquel on prévoit que le REM sera souterrain. L’axe routier étant en dessous du niveau du sol, cela pose un défi dans le cadre d’un prolongement sous terre. Pour une structure aérienne, c’est la ligne à haute tension qui peut poser problème, même si «rien n’est incontournable», soulignait Luc Castonguay, directeur du développement du territoire et des études techniques à l’Arrondissement. Des enjeux de cohabitation avec le Train de l’Est ont aussi été pointés, même s’ils n’étaient pas au centre des débats.
Relier PAT et RDP
Parmi les sujets évoqués, celui de relier le quartier de Pointe-aux-Trembles à celui de Rivière-des-Prairies est revenu à plusieurs reprises. Comme le soulignait Min, un jeune résident du district, cela prend près d’une heure de bus pour rejoindre le centre aquatique de RDP depuis PAT, contre à peine 15 minutes de voiture. La mairesse a rappelé que «malheureusement, toutes les enquêtes montrent que les déplacements nord-sud» sont bien trop rares pour envisager un raccordement à PAT. D’où l’importance, selon elle, de «relier l’ouest à l’est en priorité». L’option actuelle reste alors la ligne d’autobus 81, malgré son temps de voyage excessivement long.