Crainte et incertitude règnent chez les commerçants du boulevard Décarie qui sont en quête de solutions pour tenir le coup. À la société de développement commercial (SDC) Quartier D, patience est le mot d’ordre.
Bien que le plan de déconfinement se poursuit à Montréal et ailleurs au Québec, la clientèle serait pour le moment craintive à reprendre ses habitudes de consommation. C’est du moins le cas chez Fleuriste Idéal, près du boulevard Édouard-Laurin. «C’est tranquille. Il n’y a pas d’achalandage comme avant», dit une employée, qui préfère taire son nom.
En plus des fleurs qui finissent par mourir faute d’avoir été vendues, l’utilisation de produits nettoyants, de plexiglas et l’ajout d’indications au sol pour encourager la distanciation physique ont engendré des dépenses considérables, ce qui pourrait mener à une hausse des prix.
«On ne peut pas trop les augmenter non plus, parce que les gens ne veulent pas dépenser. Si tu veux encourager les gens à dépenser, tu ne peux pas augmenter les prix», poursuit la fleuriste de longue date.
En face du parc Beaudet, chez Alimentation Maalouf, resté ouvert tout au long de la pandémie en tant que service essentiel, on estime que les revenus sont deux fois moins importants qu’à la même période l’année dernière.
Il y a un peu plus d’une semaine, la section café, populaire auprès de la clientèle et une bonne source de revenus, était toujours fermée. «[Habituellement] les clients s’y assoient, ils mangent, ils boivent un café, ils relaxent, dit le gérant Bob Maalouf. C’est une attraction.»
«Si les clients ne sont pas de retour au travail encore, comment on va les convaincre de revenir? Il y a beaucoup de monde qui ne travaille pas encore.» – Bob Maalouf, gérant chez Alimentation Maalouf
Relance
Pour donner un répit à ses membres, Quartier D a distribué masques et gel désinfectant. Devoir se procurer de l’équipement de protection, «ça leur amène une pression monétaire. C’est des petits détails, mais ils en ont déjà beaucoup sur le dos pour survivre», reconnaît le directeur général, Gil Favreau.
Des rencontres ont par ailleurs eu lieu et des brochures informatives en plusieurs langues ont été remises aux commerçants.
La communication, la compréhension ainsi que l’application des règles sanitaires a été un défi pour certains durant la pandémie. «Il y a des marchands, des gens qui sont sur le territoire, qui ont dans certains cas des connaissances fragmentaires du français et de l’anglais», admet M. Favreau.
S’il est rassuré de voir des files d’attente, les difficultés sont les mêmes partout au Québec et ailleurs.
«Il n’y a pas autre chose que d’être patient. Il faut être opportuniste aussi, redoubler d’ardeur dans bien des cas, faire du marketing, souligne le directeur général. Il y a un rythme progressif de reprise qui est tout à faire normal à la suite du trauma collectif qu’on a vécu.»
Jusqu’à tout récemment, aucune fermeture définitive n’avait été rapportée à Quartier D.
Mesures
Vendredi, l’arrondissement a annoncé des mesures pour donner un coup de main aux commerçants de Quartier D. Le processus permettant d’installer des terrasses commerciales et étalages extérieurs, pour la vente de fruits, légumes et fleurs notamment, sera facilité. Il ne sera plus nécessaire d’obtenir un permis de certification ou d’avoir l’aval du Comité consultatif d’urbanisme.
Ces installations, qui pourront demeurer jusqu’au 1er novembre, ne pourront toutefois empiéter sur le domaine public sans un permis d’occupation temporaire.
Campagne
Avant la pandémie, la SDC prévoyait amener un vent de fraîcheur au quartier tout en se rendant plus visible depuis le lancement de sa nouvelle image de marque, l’an dernier. Il était prévu d’installer des banderoles et de faire de l’animation sur le territoire. Tel que relevé lors d’une consultation publique en février, l’objectif est aussi d’amener de nouveaux types de commerces, comme des restaurants, des cafés et encore des bars.