Le nom Prana est maintenant bien connu des Québécois. Impossible aujourd’hui d’aller faire ses courses sans tomber nez à nez avec ces collations à l’étiquette rouge. Portrait d’une entreprise engagée, 100% bio et végane.
L’entreprise Prana est le résultat d’un rêve un peu fou qu’ont fait Marie-Josée Richer et Alon Farber, les deux fondateurs. Ils se rencontrent en Inde, où Marie-Josée Richer a vécu cinq ans. Révoltés par le manque d’engagement des grandes sociétés, ils rentrent au Québec avec l’envie d’avoir un impact positif sur le monde. «Naïvement et avec même pas 10 000 dollars en poche, c’est complètement fou quand j’y repense, on est revenu au Québec dans l’idée de vendre des sandwichs dans les tours de bureaux, puis de repartir en Inde ouvrir un grand centre de santé holistique», raconte la cofondatrice. Mais rien ne se passe comme prévu et, de fil en aiguille, l’entreprise Prana voit le jour. À l’époque, le couple s’occupe de tout, le marketing, les emballages, la production, et dessine même les étiquettes des sachets à la main.
Aujourd’hui, l’entreprise compte 116 employés et a su trouver son public. Elle n’en reste pas moins engagée pour les causes qui lui tiennent à cœur. L’usine de Prana est carbone neutre et a mis en place un système de gestion environnementale. Ainsi, pour compenser l’énergie utilisée dans le processus de fabrication, la compagnie plante des arbres. Marie-Josée Richer et Alon Farber choisissent également avec attention les agriculteurs avec qui ils travaillent. «Nous envoyons un code de conduite pour connaître leurs pratiques sociales et celles au niveau de l’agriculture», explique-t-elle.
Si, pour le moment, Prana importe des ingrédients des quatre coins du monde, elle aspire à devenir 100% québécoise. En témoigne son initiative locale d’agriculture régénératrice des graines de citrouille. Il s’agit d’une forme de plantation qui régénère les sols au lieu de les appauvrir. «C’est-à-dire que l’on travaille avec le sol et on le nourrit sans pesticide ni produit chimiques. Ce n’est pas une monoculture, ça apporte de la biodiversité», assure Marie-Josée Richer. Ils ont ainsi lancé un partenariat avec un agriculteur de la province, afin de développer cette filière et, à long terme, obtenir un approvisionnement 100% local. «On se rend compte que l’humain et la nature, si on ne travaille pas ensemble, l’humanité est vouée à l’échec», martèle Mme Richer.
Certification B Corp
Grâce à toutes ces initiatives, l’entreprise est certifiée B Corp depuis 2015. Il s’agit d’une reconnaissance pour les entreprises ayant les plus grands standards environnementaux et sociaux dans le monde. «C’est un mouvement qui veut redéfinir le succès d’une entreprise. Ce qu’on cherche, c’est d’utiliser son profit pour encore plus d’engagements social et environnemental», explique la cofondatrice. Encore peu connue, la certification B Corp compte 4096 compagnies à travers le monde.
À chaque deux ou trois ans, Prana est à nouveau évaluée afin de garder cet honneur. Une méthode qui pousse les entrepreneurs à mettre en place toujours plus d’initiatives. «On a fait une analyse de cycle de vie de toutes nos activités d’affaires. Des voyages, jusqu’à l’impact de notre usine, en passant par l’agriculture de nos partenaires, à nos emballages, aux transports de nos ingrédients», raconte Marie-Josée Richer. La démarche prendra un an et demi et poussera Prana à améliorer son empreinte environnementale au niveau de l’agriculture, ce qui explique la démarche de l’agriculture régénératrice.
La compagnie fait partie du top 5% des compagnies avec l’impact le plus positif parmi toutes les B Corp. «Pour une petite compagnie québécoise, c’est énorme. C’est une bonne reconnaissance au niveau de l’entrepreneuriat québécois.»
Prana et la justice sociale
Prana n’est pas seulement engagée au niveau environnemental, mais également sur le plan social. Parmi les effectifs de l’entreprise, la parité est de mise. «On est vraiment 50/50: chez les employés, les managers et l’exécutif. 73% des gens chez Prana proviennent d’une ethnie minoritaire.»
Auprès de son personnel, la compagnie mise sur la transparence. Elle a mis en place un partage de profit où les employés peuvent être actionnaires, ainsi qu’une gestion à livre ouvert. «Tout le monde connaît les chiffres et peut comprendre comment participer au succès de l’entreprise», précise Marie-Josée Richer.
Les équipes de Prana font également du bénévolat, ils vont distribuer des paniers de nourritures dans Saint-Laurent, ou ramasser des déchets lors de collectes. «On a aussi des ruches, des jardins et on donne des cours de cuisine aux employés.»
Le couple dit porter attention aux 116 personnes qui sont là au quotidien pour faire fonctionner Prana. «C’est eux qui font du rêve utopique que l’on a eu à 24 ans la réalité que c’est aujourd’hui et qui repoussent les limites. On montre tous les jours que l’on peut changer le paradigme», conclut Marie-Josée Richer.