Saint-Laurent

Allégation de sexisme au Cégep de Saint-Laurent, le hockey féminin en péril

La gardienne de but de l'équipe de hockey féminin des Patriotes du Cégep de Saint-Laurent, dont l'avenir est incertain, effectue un arrêt pendant un match.

L’avenir du programme de hockey féminin au Cégep de Saint-Laurent est incertain en raison du «recrutement très difficile», alors que d’ex-entraîneuses et des athlètes formulent des allégations de sexisme envers le directeur du programme.

Une lettre a récemment été envoyée aux recrues qui devaient se joindre aux Patriotes du Cégep de Saint-Laurent la saison prochaine pour les informer qu’elles étaient libérées du programme.

«Notre recrutement très difficile de joueuses ainsi que le recrutement d’entraîneurs de qualité font en sorte que nous devons arrêter», peut-on lire dans le courriel signé par le directeur du programme des Patriotes, Hugo Lamoureux, et dont Métro a obtenu une copie.

Les joueuses de l’effectif actuel en ont par la suite été informées lors d’une rencontre.

Une réunion entre les Services aux étudiants du cégep et les joueuses a eu lieu le 12 mai afin de discuter de l’avenir du programme à plus long terme. La décision a alors été prise de mettre le programme sur pause pour au moins un an.

Une décision décriée

C’est dans ce contexte que deux anciennes entraîneuses des Patriotes du Cégep Saint-Laurent affirment avoir été limogées en raison de leur sexe. Une décision qui aurait mené au départ de plusieurs joueuses.

C’est le 12 avril que Léa McIntyre, l’entraîneuse adjointe et responsable du recrutement, a appris qu’elle perdait son poste lors d’un appel téléphonique avec Hugo Lamoureux.

«Il m’a dit mot pour mot “le seul problème c’est que vous êtes des femmes et j’aimerais mieux travailler avec un homme, c’est plus facile”», raconte-t-elle lors d’un entretien avec Métro.  

Dans une publication Facebook, l’entraîneuse en chef Alexandria D’Onofrio indique que les préparatifs étaient déjà bien entamés pour la saison prochaine.

«Tout a été mis en place, le recrutement a été fait tout au long de l’année pour préparer un avenir meilleur et plus radieux. Puis est arrivé le coup de téléphone sexiste qui a tout fait reculer. Léa et moi avons été licenciées parce que nous étions des femmes.»

Alexandria D’Onofrio, ex-entraîneuse en chef

Le duo était en poste depuis septembre alors que l’entraîneur Dany Brunet, qui devait se trouver à la barre de l’équipe pour la saison, n’a pas pu entrer en poste pour des raisons personnelles.

Une saison difficile de 5 victoires et 23 revers s’en est suivie. Il s’agissait de leur première expérience au niveau collégial.

«Alexandria a dû s’adapter à un effectif qu’elle n’avait pas choisi, donc ça n’a pas été facile, mais à la fin de la saison on commençait à recevoir de bons commentaires des entraîneurs adverses pour notre progression», continue l’entraîneuse adjointe Léa McIntyre. «On se disait qu’il y avait une possibilité [qu’on ne revienne pas l’an prochain], mais on ne se serait jamais douté de la raison.»

Le Cégep de Saint-Laurent, les Patriotes du Cégep de Saint-Laurent et le directeur du programme, Hugo Lamoureux, n’ont pas répondu à nos demandes d’entrevue concernant la fin du programme et les allégations de sexisme.

Départ de joueuses

Le lendemain du licenciement, les joueuses de l’équipe ont été mises au courant de la situation par Hugo Lamoureux lors d’une rencontre.

«On nous a dit que les critères principaux pour le prochain entraîneur-chef seraient qu’il devrait être un homme avec une plus grande différence d’âge et une plus grande expérience.»

Anaëlle Cordon, joueuse de hockey pour les Patriotes du Cégep de Saint-Laurent

La joueuse n’était pas surprise que ses entraîneuses soient congédiées. Elle estime que plusieurs de ses coéquipières souhaitaient qu’il y ait un changement sur ce plan. Mais comme plusieurs autres joueuses, elle a entamé des démarches pour changer d’équipe lorsqu’elle a appris les raisons ayant mené à cette décision.

«J’ai été une des premières à me chercher autre chose parce que congédier quelqu’un parce que c’est une femme, ça ne passe pas, explique-t-elle. La direction était au courant qu’Alexandria en était à ses débuts comme coach à notre niveau et ils ne l’ont pas assez soutenue.»

Cette situation survient un peu plus d’une semaine après le dépôt du rapport du Comité québécois sur le développement du hockey. Ce comité a émis le constat que le hockey féminin connaît un recul par rapport aux autres provinces canadiennes.

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