Figure incontournable de la sécurité alimentaire dans Saint-Laurent depuis 32 ans, la Corporation communautaire laurentienne, mieux connue sous le nom de COCLA, aide près de 500 familles chaque mois. Faute de subventions, l’organisme est «orphelin» selon son directeur, Julio Rivera, qui demande aux administrations publiques de s’impliquer davantage.
Les jours d’épicerie, on entend de l’arabe, de l’espagnol ou encore du mandarin dans les locaux de l’organisme, rue Saint-Louis. Anciennement appelée Corporation culturelle latino-américaine de l’amitié, le COCLA s’est ouvert à toutes les communautés ces dernières années.
Près de 300 paniers sont distribués chaque semaine au comptoir harvest. Au total, avec l’épicerie communautaire, les ateliers nutrition et les repas communautaires, c’est 12 à 15 tonnes de nourriture qui transitent par l’organisme chaque semaine.
Les dons proviennent des membres et d’entreprises privées. Moisson Montréal a aussi fourni 214 923 kilos de denrées en 2015. Des familles qui ont été aidées par le passé figurent maintenant parmi les plus généreux donateurs. Le directeur du COCLA, Julio Rivera, remercie cette «intelligence collective qui permet à l’organisme de fonctionner».
Il regrette cependant les coupures. Le provincial, comme le fédéral, ont revu à la baisse, voire supprimé, leurs subventions au COCLA. Celle de Santé Canada notamment, passera de 30 000 $ en 2015 à 3 000 $ cette année. Avec la fin du programme Québec en forme, le financement provincial s’arrêtera en avril, ce qui représentera une perte de 25 000 $ de revenus.
«Saint-Laurent est un arrondissement ‘riche’, mais plusieurs territoires vivent dans la pauvreté. Nous avons des députés qui sont ministres, mais nous ne les avons jamais vus», déplore le directeur.
Pour lui, plus de générosité de la part de l’arrondissement serait bienvenue, même si le maire Alan DeSousa est très présent. La subvention municipale permet à peine de couvrir les coûts d’occupation. «Les citoyens ont élu M. DeSousa pour que tous puissent manger. C’est un immigrant comme nous, nous avons besoin de lui», soutient M. Rivera.
La demande augmente sans cesse. C’est pourquoi le comptoir alimentaire et l’épicerie communautaire sont passés à deux jours par semaine, soit les mardis et vendredis. Familles québécoises et immigrées, aînés, enfants des services de garde et étudiants dans le besoin sont accueillis sans distinction.
L’organisme répond aussi aux problématiques de désert alimentaire de certains quartiers, comme Norgate ou Chameran. Pour rejoindre les personnes isolées, le COCLA dispose d’un service de popote roulante qui a bénéficié à 1 234 aînés sur une base régulière l’an dernier.
Une porte d’entrée pour les réfugiés
Comme d’autres organismes laurentiens, le COCLA s’implique dans le Comité d’accueil des réfugiés syriens.
«Être immigrant n’est pas un privilège, il y a un chemin à parcourir», soutient M. Rivera. Il est donc naturel de répondre aux besoins des réfugiés, notamment en communiquant simplement avec eux, sans hiérarchie.
La plupart des employés et bénévoles sont issus de l’immigration et parlent les langues des clients, ce qui facilite les échanges.
Le COCLA ne dispose toutefois pas de chiffres exacts sur le nombre de réfugiés syriens aidés. L’organisme demande un minimum de renseignements, puisqu’il juge que faire appel à l’aide alimentaire est parfois la démarche la plus difficile de toutes.
«Au niveau vestimentaire, il y a des besoins, mais ce dont il y a le plus besoin, c’est la banque alimentaire. Bizarrement, ce n’est pas compliqué de s’habiller ici, il y a toujours quelqu’un qui va te donner des vêtements… Mais, pour manger, tu as besoin d’une référence et d’aller le faire discrètement dans une banque alimentaire, sans que le voisin ne le sache,» précise Aicha Guendafa, la directrice générale du CARI St-Laurent, un organisme qui est aussi membre du comité d’accueil.
Informations: coclamontreal.org