Une analyse se penchera sur le caractère ouvrier des bâtiments de deux secteurs historiques du quartier Saint-Henri. L’arrondissement du Sud-Ouest cherche ainsi à définir des mesures pour préserver leur patrimoine.
Atelier Christian Thiffault, une agence spécialisée dans les domaines du design urbain et de l’architecture, s’est vu octroyer un contrat d’une valeur totale de 64 500$ pour procéder à cet examen.
Ce sont les villages Saint-Augustin et Sainte-Marguerite, délimités par la rue Notre-Dame Ouest, le canal de Lachine, le marché Atwater et le chemin de la Côte-Saint-Paul, qui feront l’objet desdites analyses. Sur proposition du contractant, l’analyse s’étendra aussi pour inclure le Village Turcot. «Ces secteurs sont convoités par des promoteurs depuis plusieurs années», affirme la conseillère municipale et présidente du comité consultatif d’urbanisme, Anne-Marie Sigouin.
On y trouve plusieurs maisons datant des années 1800, qui ont chacune leurs propres éléments de design distinctifs et typiques de l’époque. C’est l’hétérogénéité des structures qui caractérise ces villages, estime Mme Sigouin,
«C’est un geste qui aurait dû être posé il y a longtemps. Il reste déjà très peu du patrimoine et nous devons agir pour préserver son caractère ancien», dit-elle.
Consultations
La firme responsable des analyses a aussi pour objectif de concerter les différents acteurs du milieu afin de bonifier les paramètres d’aménagement qu’elle aura identifié.
Bien que les mesures proposées ne soient pas encore déterminées, un membre du Comité des amis du Village Saint-Augustin, Gilles Labranche, craint qu’elles limiteront la possibilité pour un immeuble de prendre de la valeur.
Il fait entre autres référence aux changements au règlement d’urbanisme proposés cet été par l’arrondissement, qui auraient limité à deux étages la hauteur des résidences. La réglementation actuelle permet jusqu’à trois étages.
«Ils ne s’y prennent pas de la bonne manière, soutient-il. Ce sont les petits propriétaires qui seront touchés par ces mesures. Il est important de pouvoir mettre à jour nos maisons si nous le souhaitons pour qu’on puisse vivre comme en 2017 et non comme en 1850.»
Il demande aussi à l’arrondissement de «prendre ses responsabilités» et de dédommager les propriétaires si la politique de protection du patrimoine a un effet à la baisse sur la valeur de leurs propriétés.
Intérêt collectif
Anne-Marie Sigouin assure que le Service d’évaluation foncière de la Ville de Montréal a déjà déterminé que des changements au règlement d’urbanisme n’affecteraient pas à la baisse la valeur actuelle des bâtiments. Leur éventuelle prise de valeur est une toute autre question.
«Ce qui nous guide dans ce processus est la protection du patrimoine. C’est dans l’intérêt collectif que nous prenons ces décisions et non dans l’intérêt individuel», souligne-t-elle.
Elle ajoute que l’arrondissement a l’intention de consulter activement les citoyens d’ici la fin des analyses paysagères, en juin.