Sud-Ouest

Détourner les frais accessoires

Malgré l’abolition des frais accessoires il y a un an, notamment les coûts rattachés aux agents anesthésiques et certains médicaments, plusieurs patients continuent d’assumer des factures salées à la suite d’une visite chez le docteur. C’est ce que démontre le registre de surveillance en ligne lancé par la clinique communautaire de Pointe-Saint-Charles, dont les résultats ont été présentés le 21 janvier.

Bien que le registre existe depuis 2015, l’organisme communautaire situé sur l’avenue Ash a remanié la formule pour s’ajuster à l’abolition des frais accessoires. «Nous avions une crainte que la nouvelle réglementation ne soit pas respectée ou que les cliniques trouvent le moyen de contourner la situation», explique l’organisateur communautaire, Stéphane Defoy.

Or, leur crainte était fondée puisque le deuxième scénario s’est produit, si l’on se fie aux 90 plaintes faites par des patients au cours des derniers mois. Selon M. Defoy, les frais administratifs et les soins des yeux seraient les deux secteurs où les frais non couverts auraient le plus augmenté, une stratégie mise en place pour pallier au manque à gagner des frais accessoires.

«Ce qui est ressorti c’est qu’il y a vraiment un avant et un après abolition des frais accessoires. Avant, il y avait de la facturation pour les soins des yeux, mais c’était mineur comparativement à ce que les ophtalmologistes demandent maintenant», explique M. Defoy.

Le prix des examens préopératoires, spécialement pour une chirurgie de la cataracte, a tellement bondi que l’organisme a créé une section uniquement destinée aux soins des yeux dans son registre en ligne. Selon les données recueillies, 20% des factures pour ces soins s’élèvent à plus de 500$.

«Souvent, les ophtalmologistes demandent de faire plusieurs examens et à coup de 100$ par examen, la facture peut monter très vite, déplore M. Defoy. Le problème c’est que ce sont eux les spécialistes, donc c’est difficile d’argumenter à savoir si ce sont vraiment des examens nécessaires».

Pour les omnipraticiens, ce sont les frais administratifs qui sont les plus rentables, représentant 60% des frais demandés aux patients.

Solution
Si l’organiseur communautaire se réjouit de l’abolition des frais accessoires, il considère que le ministère de la Santé ne doit pas s’arrêter à cette simple mesure pour que les patients en sortent gagnants.

Son équipe souhaite que les frais administratifs et les soins des yeux soient couverts par l’assurance maladie. Le ministre de la Santé Gaétan Barrette a toutefois soulevé en conférence de presse, le 21 janvier, qu’il ne pouvait rien faire, les frais administratifs n’étant pas «sous son autorité».

Une affirmation contestée par Stéphane Defoy. «S’il a pu le faire pour les frais accessoires, pourquoi il ne pourrait pas abolir les frais administratifs également?, se questionne-t-il. Dans l’immédiat, nous aimerions au moins que la RAMQ [Régie de l’assurance maladie du Québec] s’en mêle et s’assure que les frais facturés soient les mêmes dans toutes les cliniques.»

Chose certaine, la clinique communautaire de Pointe-Saint-Charles continuera à faire pression sur le gouvernement québécois pour régler cette problématique et continuera à compiler les données afin de dresser un portrait réel de la situation.

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