Sud-Ouest

Démolition du 4700 Saint-Ambroise

Après quelques mois d’hésitation, le feu vert a finalement été donné, mercredi soir, pour la démolition d’un bâtiment à bureaux sur la rue la Saint-Ambroise. Les élus de l’arrondissement du Sud-Ouest exigent toutefois une série de conditions au Groupe Quorum, le promoteur du projet mixte résidentiel et commercial qui doit être érigé dans ce secteur de Saint-Henri, contesté par des groupes communautaires.

«La majorité des membres [du conseil] considère qu’il y a plus d’avantages que d’inconvénients. Au final, la communauté va sortir gagnante de ce projet», a soutenu le maire Benoit Dorais, qui admet que la décision a été difficile à prendre.

L’état de l’immeuble, les coûts importants de restauration, la nécessité de déconstruire une bonne partie du bâtiment pour sa réfection, l’absence de valeur patrimoniale et l’engagement d’offrir 20% de logements sociaux en compensation ont notamment fait pencher le conseil en faveur de la démolition.

En juin, le comité de démolition avait refusé la demande du Groupe Quorum qui a ensuite fait appel. Une autre séance a eu lieu à l’automne, mais elle a dû être ajournée puisque les élus voulaient plus de temps de réflexion.

«Il faut être réaliste sur l’état de l’immeuble. Lorsqu’on le regarde, il paraît comme une grande boîte industrielle bien rectangulaire et performante, mais quand on va dans les détails, c’est un ensemble d’amiante et de décontamination», commente le vice-président au développement chez Groupe Quorum, Maxime Laporte.

Le promoteur souhaite aménager 300 condos, une centaine de logements sociaux, un centre de la petite enfance (CPE), une épicerie zéro déchet, un toit vert et un incubateur d’entreprises. La démolition et la reconstruction devraient commencer dans le courant de l’année.

Parmi les exigences demandées, on note entre autres que les travaux de démolition devront être terminés dans 24 mois et qu’un protocole de surveillance archéologique ainsi qu’un plan de réutilisation des matériaux devra être soumis. Groupe Quorum devra en plus déposer une garantie de 2,4 M$ pour assurer l’exécution des travaux.

Déception

Le POPIR-comité logement et la table de concertation Solidarité Saint-Henri (SSH), qui ont recueilli 800 signatures dans une lettre ouverte contre le projet, se disent déçus par la décision.

Ces organisations réclamaient plutôt le maintien du bâtiment et la construction de logements sociaux, sur le stationnement adjacent, destinés aux femmes en détresse et aux mères monoparentales.

«Si vous regardez au bord du canal [Lachine], il n’y a que des condos. Si on veut préserver un parc de logements abordables, ça prend un projet 100% logements sociaux. Même s’il y a 100 logements sociaux, les 300 condos auront un impact sur le parc locatif de cette zone, un secteur déjà très précaire», évoque l’organisatrice communautaire au POPIR, Sandrine Belley.

Selon SSH, les élus de Projet Montréal sont aussi en contradiction avec leurs propres orientations pour ce secteur. Dans le Plan de développement urbain, économique et social (PDUES) Turcot, l’arrondissement entend préserver la vocation économique du site de la rue Saint-Ambroise. L’administration Dorais indique que la demande de permis a été déposée trois mois avant l’adoption du PDUES.

L’organisme craint maintenant un effet domino. «Ça ouvre la porte aux  promoteurs privés de condominiums de « condomiser » les autres sites aux abords du canal Lachine», croit la coordonnatrice de SSH, Shannon Franssen, qui mentionne par ailleurs que l’épicerie zéro déchet ne sera pas suffisamment abordable pour les moyens financiers des résidents du quartier.

M. Laporte soutient que, depuis 10 ans, seulement 12 logements sociaux ont été construits dans le secteur. Il estime offrir le maximum d’unités abordables en tant que promoteur privé. Le Groupe Quorum s’est engagé à tenir une séance d’information sur le projet auprès des résidents.

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