Sud-Ouest

Le Negro Community Center sera démoli

Situé dans la Petite-Bourgogne, le Negro Community Center (NCC) sera démoli. La Cour d’appel a rejeté, mardi, la demande de l’arrondissement du Sud-Ouest qui s’y opposait.

Le 14 novembre, à la demande du propriétaire qui invoquait une question de sécurité, la Cour supérieure a autorisé la démolition du bâtiment situé sur la rue Coursol. Lundi, l’arrondissement en a appelé de cette décision, qui a toutefois été maintenue par le juge François Doyon.

L’arrondissement se voit obligé d’émettre le permis de démolition.
«Je suis très déçu puisqu’on avait bien fait nos devoirs à l’arrondissement», a commenté le maire Benoit Dorais.

«Le promoteur connaissait l’état du bâtiment et les intentions de l’arrondissement», a-t-il ajouté.

Alors que le propriétaire voudrait faire du développement résidentiel, l’administration municipale avait indiqué qu’elle n’avait pas l’intention de procéder à un changement de zonage à cet endroit. Actuellement, le zonage prévoit un usage institutionnel.

Une compagnie à numéro a fait l’acquisition, le 10 septembre dernier, du bâtiment, une ancienne église construite en 1891.

Devenu un centre d’activités pour la communauté noire en 1927, le NCC a fermé en 1993. Le bâtiment à l’abandon était la propriété d’un organisme communautaire – le NCC – jusqu’à sa récente faillite.

En avril dernier, une des façades s’est effondrée.

En raison du danger que représente le bâtiment, le propriétaire a présenté à la Cour supérieure une demande en vue d’être autorisé à le démolir. Le juge a tranché en sa faveur, écrivant que le bâtiment est «dangereux pour la sécurité des personnes […] et qu’il n’existe aucun remède utile que de procéder à sa démolition».

Pourtant, a mentionné Benoit Dorais, un ingénieur de l’arrondissement qui avait visité les lieux avait conclu que «la structure est saine et qu’on est capable de faire des rénovations».

Zonage maintenu
«L’usage est institutionnel. Nous réitérons notre volonté très ferme que nous ne voulons pas de condos», a insisté Benoit Dorais.

«Il n’y aura pas de changement de zonage tant que nous n’aurons pas une idée de ce qui va advenir du site», a-t-il dit. «On n’est pas obligé de faire du résidentiel là.»

Le POPIR-Comité Logement, organisme de défense des droits des locataires, a dénoncé le jugement. Saluant les efforts de l’arrondissement pour préserver le patrimoine, il a souligné que ce qui est aussi en jeu, c’est le projet de remplacement. «La Petite-Bourgogne subit un processus sauvage de gentrification depuis de nombreuses années», a déclaré Patricia Viannay, organisatrice au POPIR. Elle a rappelé que depuis 2006, le loyer médian dans le quartier a augmenté de 28%. «Il ne faut donc surtout pas laisser cette institution de la communauté se transformer en immeuble à condos qui mettra davantage de pression sur le marché locatif du quartier», a-t-elle fait savoir.

Le député de Jeanne-Le Ber, Tyrone Benskin, a appuyé l’arrondissement dans ses efforts de préserver le bâtiment. «Alors que nous préparons le 375e anniversaire de Montréal ainsi que le 150e anniversaire de la Confédération canadienne, nous ne pouvons pas négliger plus d’un siècle de la présence afro-canadienne dans la Petite-Bourgogne et Saint-Henri», a commenté celui qui a fréquenté le centre quand il était enfant.

Une judiciarisation qui inquiète
C’est la seconde fois qu’un promoteur se tourne vers les tribunaux pour obtenir le droit de démolir un bâtiment dans l’arrondissement. Cette judiciarisation, «ça m’inquiète beaucoup», n’a pas caché Benoit Dorais.

En 2012, l’arrondissement a adopté un plan d’action pour préserver son patrimoine bâti. «Le plan d’action 2012-2015 ciblait des bâtiments et le NCC en était un», a souligné le maire.
L’arrondissement fera le bilan de ce plan et étudiera ce qui pourrait être fait pour le renforcer afin d’éviter ce genre de situation, a indiqué M. Dorais.

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