Société

Les pères anglophones plus vulnérables, selon une étude

Près d’un père d’expression anglaise sur cinq (19%) présenterait un indice de détresse psychologique élevé, une mesure associée à une plus grande vulnérabilité. Chez les pères francophones, cette proportion est significativement inférieure, se situant à 12%, souligne une étude réalisée cette année par le Regroupement pour la valorisation de la paternité (RVP), en collaboration avec le cabinet de recherche en marketing et de sondage SOM.

Le but de l’étude était de mieux comprendre les liens entre les expériences vécues par des parents masculins et l’incidence de celles-ci sur leur santé mentale dans leur vie de père. Selon les résultats, basés sur les témoignages d’environ 400 répondants, 42% des pères anglophones ont été victimes d’abus psychologiques dans le milieu familial pendant leur enfance, contre 34% chez les francophones.

Dans ce même contexte, les victimes de violence grave sont deux fois plus nombreuses chez les anglophones (31%) par rapport aux francophones (16%). La différence est encore plus marquée en ce qui concerne les abus sexuels en milieu familial. Les victimes d’expression anglaise sont trois fois plus nombreuses (16%) que celles qui parlent le français.

«Ces constats soulèvent plusieurs questions pour mieux comprendre la réalité de ces pères et être en mesure de mieux les soutenir, mais en particulier, celle du contexte socioéconomique dans lequel ils vivent et, inévitablement, celle de leur proximité avec les services sociaux ou communautaires qui pourraient leur venir en aide», avance Carl Lacharité, chercheur en psychologie à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), qui a assuré la direction scientifique de l’étude.

Plus de moyens pour faire face

Ces expériences ont un impact sur la propension d’une personne à perpétrer de tels actes à son tour, souligne M. Lacharité. «Ils réduisent également les chances d’un individu de vivre en santé et de développer son plein potentiel», rapporte-t-il.

Mais les pères anglophones, s’ils sont plus vulnérables que les francophones, «semblent disposer d’un système de soutien plus accessible, recevant plus d’aide dans l’exercice de leurs responsabilités familiales que les pères francophones», nuance l’étude.

«De plus, plusieurs des conditions sociétales sont perçues plus favorablement par les répondants anglophones, ce qui peut indiquer que certains facteurs de protection sont déjà en place pour les soutenir dans leur vulnérabilité.»

Rappelons en effet que selon une étude publiée cette année par l’Office québécois de la langue française (OQLF), un anglophone gagne en moyenne 4764 $ de plus qu’un francophone, sur une base annuelle. Les personnes qui utilisent uniquement l’anglais au travail gagnent en moyenne 20% de plus que celles qui utilisent seulement le français.

Si les répondants anglophones ont déjà accès à un système de soutien plus facilement que les francophones, le Réseau communautaire de services de santé et de services sociaux (RCSSS), qui a participé à l’étude, réclame aux offres de services communautaires «de mieux intégrer leurs réalités, […] promouvoir davantage les bonnes pratiques de prévention et d’intervention», conclut Jennifer Johnson, directrice générale du RCSSS.

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