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Expérience Facebook: «Une étude démontre que boire 4 verres de vin par jour aide à maigrir»

Le titre de cet article est, bien sûr, totalement faux. Inventé de toutes pièces. L’idée elle-même est complètement farfelue.

Mise à jour: L’article original s’intitulait simplement: «Une étude démontre que boire 4 verres de vin par jour aide à maigrir.» En cliquant sur l’article, le lecteur pouvait clairement voir l’énoncé ci-haut, comme quoi le titre était trompeur. L’article a été publié sur Facebook et était clairement libellé comme un billet de blogue, et non un article de nouvelles. Métro a tenté cette expérience sur Facebook dans le but de voir si des internautes allaient partager ou commenter un article sans le lire, en se basant seulement sur le titre.  Vingt-quatre heures après le lancement de cette expérience, nous y mettions fin. Vous pourrez lire une analyse de nos résultats le 27 février!

Reste à voir combien de gens auront partagé ce billet sans même le lire, en se basant seulement sur le titre. Considérez ceci comme une petite expérience non scientifique.

D’ailleurs, aimez-vous le titre? C’est exactement ce genre d’intitulé qui est partagé – à l’infini, semble-t-il – sur les réseaux sociaux, sans que personne prenne le temps de lire l’article qui y est rattaché.

Pourquoi l’inspecteur viral a-t-il décidé de verser aujourd’hui dans la désinformation, son ennemi juré? Parce que, dans le cadre de la Journée sans Facebook, qui aura lieu le 28 février, il croit qu’une discussion s’impose sur la responsabilité de chacun de faire preuve de discernement avant de partager un article «scientifique» sur sa page Facebook.

Pour vous aider à vous orinter dans ce labyrinthe, l’inspecteur viral vous propose cinq questions que vous devriez vous poser avant de partager un article à saveur scientifique sur Facebook.

Parce que des articles du style « Une étude démontre que… », il y en a.

À la pelle.

(Donc, on vous propose ici un article sous forme de liste, avec des images animées. Beaucoup plus original!)

Est-ce que le titre correspond aux conclusions données dans l’article?

Écrire un bon titre est un art. Écrire un titre à la fois bref et accrocheur qui rend bien toutes les nuances d’une étude scientifique, c’est un véritable défi.

Voilà pourquoi on se retrouve avec des situations comme celle-ci ou celle-ci. Dans les deux cas, le titre est déclaratif («Campus américains: 1 étudiant sur 3 pourrait violer s’il ne risquait pas de poursuite» et «La cigarette électronique peut être de 5 à 15 fois plus cancérigène que le tabac, selon une étude»). Or, les deux études en question comportaient de sérieux problèmes.

Dans le cas de l’étude sur le vapotage, on pouvait clairement lire que «cette recherche ne reflète pas la réalité», puisque «quand les fumeurs de cigarettes électroniques surchauffent le liquide, cela produit un goût âcre désagréable ,ce qu’ils évitent de faire». Or, c’est lorsque le liquide est surchauffé qu’il devient cancérigène. Mais cette information figurait beaucoup plus bas dans l’article, et peu de lecteurs se rendent jusqu’à la fin du texte. La morale de l’histoire: il faut lire l’article au complet avant de le partager.

Est-ce que l’étude provient d’un journal académique reconnu?

Eh non, on ne peut même plus faire une confiance aveugle aux journaux académiques! Connaissez-vous la différence entre le «International Journal of Pediatric Otorhinolaryngology» et le «Global Journal of Pediatric Otorhinolaryngology»? (Non? L’inspecteur viral non plus.) Voici le hic: le premier est un vrai journal scientifique, alors que le deuxième ne l’est pas. Donc, si un article est publié dans le deuxième, on doit se poser de sérieuses questions sur sa valeur scientifique.

Un chercheur à Harvard a même tenté une expérience: il a créé une recherche scientifique complètement incohérente à l’aide d’un générateur de textes aléatoires. Il affirme que 17 faux journaux scientifiques ont accepté de la publier. 17!

Si le journal académique ne figure pas dans cette liste compilée par le National Center for Biotechnology Information, il y a fort à parier que c’est un journal douteux. Les articles qui y sont publiés sont donc à prendre avec un grain de sel.

Est-ce que la nouvelle provient d’un média ou d’un site digne de confiance?

Bon, ce point-ci sera le plus contentieux, puisque l’inspecteur viral, en tant qu’employé d’un média dit «traditionnel» (un journal papier), est en conflit d’intérêts.

Libre à vous de décider à quels médias vous faites confiance. Certains médias traditionnels sont moins fiables que d’autres, certains médias non traditionnels ou citoyens sont excellents.

Mais dans la plupart des cas, si on lit un article qui traite d’une étude scientifique aux conséquences majeures et qu’il n’y a qu’un petit site de nouvelles peu connu qui en parle… peut-être l’information n’est-elle pas tout à fait véridique.

Ce guide du Pharmachien est un bon barème à appliquer aux sites de nouvelles scientifiques.

Une recherche sur Google Actualités vous permettra aussi de voir si d’autres médias parlent du sujet traité dans l’article qui vous intéresse. Mais attention! Ce n’est pas parce que d’autres médias en parlent que la nouvelle est véridique! L’internet est un monde compliqué. Les médias s’emportent souvent et s’alimentent en rumeurs entre eux.

Dans le doute, ne partagez pas.

À qui profite cet article ou cette étude?

Sortez vos casques en papier d’aluminium, on parle de conspirations (non, pas vraiment).

L’inspecteur veut seulement que vous portiez une attention particulière au «pourquoi» d’un article qui parle d’une étude scientifique.

Par exemple, est-ce que la personne interviewée y va d’allégations fantastiques parce qu’elle veut promouvoir un produit?

Ou est-ce qu’un organisme défend un point de vue et interprète une étude de la manière qui lui convient le plus?

Il y a toutes sortes de raisons pour qu’une personne veuille qu’un article soit publié. Se poser la question, c’est être vigilant.

Pourquoi?

C’est sûrement la question la plus philosophique de cette liste.

Il faut se demander: «Pourquoi est-ce que je veux partager cet article?» Est-ce parce que vous trouve que le sujet est bizarre, difficile à croire, insolite ou comique?

Est-ce parce que l’article vous réconforte dans vos croyances ou renforce votre façon pré-établie de voir le monde?

Ou est-ce parce que l’article est intéressant, fascinant ou éclairant?

Est-ce parce que l’article vous apprend quelque chose de nouveau, vous fait découvrir de nouvelles choses (vraies, on s’entend), élargit vos horizons, vous permet de mieux connaître l’univers?

Il n’y a pas de bonne réponse.

L’inspecteur souhaite seulement que vous vous posiez la question.

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