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Climat: les administrateurs ont-ils l'expertise?

Dan Healing, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

CALGARY — Un organisme qui favorise l’investissement responsable estime que les administrateurs des grandes entreprises énergétiques du pays n’ont pas d’expertise particulière en matière de changements climatiques, alors qu’ils évoluent pourtant dans un secteur intimement lié à ce phénomène.

Dans un rapport publié mardi, l’Association des actionnaires pour la recherche et l’éducation («Share»), qui conseille les actionnaires institutionnels, indique qu’elle a consulté les plus récents rapports annuels de 39 producteurs de pétrole ou de gaz et de 13 sociétés de services publics. Or, l’organisme n’a trouvé personne au sein des conseils d’administration de ces entreprises qui semble posséder une expertise particulière en matière de changements climatiques.

L’association compte maintenant prendre contact avec les administrateurs de ces sociétés inscrites à la Bourse de Toronto afin de discuter de leurs efforts concrets pour composer avec les risques que représentent les changements climatiques pour leur entreprise.

TransAlta (TSX:TA), Suncor Energy (TSX:SU) et Cenovus Energy (TSX:CVE), qui figuraient toutes dans le rapport de Share, ont défendu les compétences de leur conseil d’administration.

«Le conseil de TransAlta est très diversifié, et plusieurs membres occupent des postes de haut rang dans des compagnies énergétiques et dans le secteur de l’énergie, où les changements climatiques et la gestion du carbone constituent des priorités depuis plusieurs années», a expliqué la porte-parole de TransAlta, Stacey Hatcher, dans un courriel.

Les actionnaires de Suncor ont adopté en avril dernier une résolution qui demande aux dirigeants plus de transparence sur ce qu’ils entendent faire pour composer avec une économie à faibles émissions de carbone. Selon la porte-parole, Sneh Seetal, Suncor s’efforce depuis de se conformer au souhait de ses actionnaires.

Du côté de Cenovus, le porte-parole, Brett Harris, a rappelé que l’entreprise compte un vice-président à l’environnement et au développement durable, et un vice-président à l’innovation en entreprise.

Selon l’organisme Share, plusieurs sociétés ne s’intéressent aux risques environnementaux que sous l’angle de la réglementation gouvernementale en matière de pollution et de remédiation en cas d’accident. Or, les changements climatiques exigent que l’on réexamine toute l’exploitation des ressources naturelles ainsi que les conditions du marché, soutient l’association.

«Les changements climatiques sont intimement liés à des secteurs comme la stratégie d’entreprise, l’évaluation des risques, les dépenses en capital, les activités courantes, le commerce, le rendement financier et l’évaluation de l’actif», estiment les auteures du rapport, Jessica Lukawiecki et Laura Gosset. «Pourtant (…) on ne sait pas exactement si les administrateurs de ces entreprises prennent la pleine mesure de ce risque (lié au climat), et encore moins s’ils s’assurent que l’entreprise prend les mesures appropriées pour y faire face.»

En décembre, un comité consultatif international mis sur pied par le gouverneur de la Banque d’Angleterre, le Canadien Mark Carney, avait notamment recommandé aux entreprises privées d’être plus transparentes quant aux risques posés par les changements climatiques sur leurs activités, et sur ce qu’elles entendent faire pour s’adapter à cet environnement.

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