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Bernier veut devenir le «Macron canadien»

Quebec MP Maxime Bernier speaks at a press conference in Ottawa on Thursday, Aug. 23, 2018. THE CANADIAN PRESS/Adrian Wyld Photo: THE CANADIAN PRESS
Mylène Crête, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — Maxime Bernier rêve de calquer la victoire du président français Emmanuel Macron. Son parti n’est pas encore officiellement fondé, mais il se voit déjà comme «l’alternative réelle au gouvernement de Justin Trudeau».

Dans une entrevue au lendemain de son départ du Parti conservateur, le député de Beauce s’est ouvert sur ses motivations.

«J’aimerais bien être le Macron canadien, a-t-il révélé, vendredi. M. Macron a quitté le Parti socialiste un an avant les présidentielles et a été élu président de la France.»

Conscient du travail qui l’attend, il estime avoir suffisamment de partisans parmi les 150 000 militants conservateurs partout au pays pour lancer sa nouvelle formation politique.

Il veut ensuite courtiser les électeurs désabusés, ceux qui ne croient plus la parole des élus.

«Les gens en ont marre des politiciens traditionnels, a-t-il constaté. Il y a 20 pour cent de la population qui ne prend même pas la peine d’aller voter. Le taux de crédibilité des politiciens est en bas de 10 pour cent. Les gens veulent un politicien qui dit les vraies choses et qui n’a pas peur de le dire même si ça risque de déranger.»

Maxime Bernier ne se réclame pas d’une mouvance «anti-establishment», mais affirme du même souffle qu’il ne craint pas les débats d’idées, contrairement à ses anciens collègues.

«Comment on va faire en sorte que les idées conservatrices puissent avancer si on n’en parle jamais, qu’on n’en débat jamais et qu’on a peur des réactions de nos opposants», a-t-il demandé.

Il fait le pari que l’abolition de la gestion de l’offre et des subventions aux entreprises plairont aux électeurs s’il prend le temps nécessaire pour les expliquer, tout comme la réforme du système d’immigration et de la péréquation.

Le programme de son nouveau parti, dont le nom n’a pas encore été choisi, s’appuiera sur les politiques qu’il avait mise de l’avant lors de la course à la direction du Parti conservateur l’an dernier. Une course qu’il avait perdue de justesse contre Andrew Scheer au 13e tour de scrutin. Maxime Bernier compte recruter des membres parmi ceux qui l’ont appuyé.

Loin de l’applaudir, ses anciens collègues lui ont rapidement tourné le dos, même ceux qui l’avaient appuyé avec ferveur lors de la dernière course à la direction du Parti conservateur du Canada.

C’est le cas du sénateur Claude Carignan et du député Jacques Gourde. M. Carignan, qui a contribué à fonder l’Action démocratique du Québec dans les années 1990, qualifie de «ridicule» le projet de Maxime Bernier et doute qu’il soit en mesure de le mener à terme.

«Il va juste diviser le vote, s’il est capable d’aller chercher ce vote», a-t-il fait valoir.

«Je perds un frère d’armes, je suis très déçu de ça», a confié M. Gourde qui avait recruté M. Bernier à l’époque.

Depuis jeudi, son ancien chef et ses anciens collègues l’ont accusé d’être mauvais perdant, de vouloir «aider Justin Trudeau» et d’avoir accompli bien peu de travail parlementaire au cours de la dernière année.

«Les attaques personnelles que je subis aujourd’hui n’atteignent pas le parapluie de mon indifférence, a rétorqué Maxime Bernier. Pourquoi? Parce qu’ils ne sont pas capables de critiquer le fond.

«Ils ne sont plus des conservateurs. Ils regardent les sondages et essaient de plaire à la population sans conviction. La population en a soupé des politiciens comme ça qui leur disent qu’est-ce qu’ils veulent un jour et le lendemain le contraire.»

Même s’il reconnaît avoir «joué le jeu» sous le gouvernement de Stephen Harper, M. Bernier soutient qu’il fera désormais de la politique autrement. ll compte utiliser de plus en plus les réseaux sociaux pour faire passer son message directement à ses partisans sans égoportraits, ni photos de poignées de main.

Déjà vendredi, il a lancé un appel en anglais sur Twitter à ceux qui se sentent abandonnés par le Parti conservateur en apprenant que les militants réunis en congrès à Halifax n’allaient pas débattre d’une résolution sur la gestion de l’offre.

«Ne perdez pas votre temps, leur a-t-il écrit. Il est temps d’avoir un vrai parti conservateur qui défend de vraies valeurs conservatrices. Plus tôt nous commencerons, plus nous aurons de chances de battre Justin Trudeau.»

Après avoir été exclu du cabinet fantôme des conservateurs en juin, Maxime Bernier avait réussi à amasser un peu plus de 28 000 $ en moins de 24 heures après avoir demandé à ses partisans s’ils étaient toujours avec lui.

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