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Semaine des personnes handicapées: les interprètes

Photo: Daphné Caron/Métro

Pour répondre à leurs besoins bien spécifiques, les personnes handicapées font appel à des bénévoles et à des travailleurs dont le commun des mortels soupçonne à peine l’existence. À l’occasion de la Semaine québécoise des personnes handicapées, Métro vous les présente dans une série de cinq portraits. Aujourd’hui, Joëlle Fortin et Martin Asselin, de Spectacle Interface.

Pour une personne entendante, il peut être difficile d’imaginer le nombre de manifestations culturelles auxquelles les sourds n’ont pas accès. Cela devient très concret lorsqu’on assiste à une représentation de Spectacle Interface, une entreprise qui offre l’interprétation simultanée en langue des signes québécoise (LSQ) de spectacles d’humour et de théâtre. «Il y en a qui viennent voir nos spectacles même s’ils n’ont pas d’affinités particulières avec l’artiste, simplement parce que ce sont les seuls spectacles qui leur sont accessibles», illustre Joëlle Fortin, l’une des deux interprètes derrière cette initiative.

Pourtant, elle et son collègue, Martin Asselin, ne peuvent offrir que deux spectacles par année. «Ça demande beaucoup de temps et si on en faisait plus, je ne sais pas si les gens viendraient. Ils se déplacent d’aussi loin que Québec et Sherbrooke pour venir nous voir!» affirme Joëlle Fortin.

Ça ne l’empêche pas de constater que son service est apprécié. «Souvent, ils arrivent quelques heures avant le spectacle pour pouvoir socialiser, dit-elle. Dans la semaine, la plupart d’entre eux travaillent avec des entendants avec qui les contacts sociaux sont moins faciles. Là, ils se retrouvent entre sourds.»

Et avec leurs parents et amis entendants, qui sont les bienvenus. «Ça leur fait une sortie culturelle en groupe, indique Mme Fortin. Les sourds sont souvent en retard sur la culture. Par exemple, quand tout le monde parle d’un film, souvent, ils ne l’ont pas vu encore parce qu’ils attendent la version DVD sous-titrée.»

L’interprétation des spectacles demande une certaine préparation. De la part des interprètes, qui, contrairement à ce qu’ils font lorsqu’ils interprètent spontanément dans le cadre de leur travail, apprennent le texte à l’avance pour l’adapter. Mais aussi de la part des artistes qui se prêtent à l’exercice. «Nous devons d’abord les convaincre, confie Mme Fortin. Certains humoristes ont peur d’être déconcentrés, mais on les rassure, on les renseigne sur la culture sourde. On leur apprend aussi qu’il peut y avoir un “double” rire dans la salle.» Ce double rire survient parce que les sourds rient parfois quelques secondes après les entendants. «Parfois, on entend même un troisième rire suscité par la réaction de ceux qui entendent les sourds rire!» ajoute Joëlle Fortin.

Judy Richards et Yvon Deschamps, Patricia Paquin et Mathieu Gratton, Guylaine Tremblay et Denis Bouchard ainsi que Philippe Laprise se sont produits devant ces spectateurs visuels. «Ils apprécient l’expérience, assure Joëlle Fortin. Ça les amène à rejoindre un public auquel ils n’ont pas accès normalement. Et quand ils voient les sourds applaudir en faisant aller leurs mains dans les airs, ils vivent quelque chose de nouveau.»

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Prochain spectacle

Le 21 juin, pour ses cinq ans, Spectacle Interface présente la soirée Juste sourds rire au collège Ahuntsic.

  • L’événement sera animé par Pierre-Yves Lord.
  • Il mettra en vedette les humoristes Martin Rozon, Sébastien Ouellet, Gabrielle Caron, Martin Vachon et Korine Côté.

Sur le web
Pour voir des extraits de prestation de Spectacle Interface

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