Soutenez

L'islam devra accepter l'humour et la laïcitém selon une journaliste du Charlie Hebdo

MONTRÉAL – Les musulmans qui vivent en France et dans les sociétés occidentales devront accepter le sens de l’humour et se plier à la laïcité s’ils souhaitent véritablement s’intégrer aux sociétés démocratiques au-delà du discours superficiel.

De passage à Montréal lundi, la journaliste Zineb El-Rhazoui, qui n’était pas en France le 7 janvier dernier lors du massacre de la rédaction de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo où elle travaille, a livré en conférence de presse un plaidoyer en faveur de la laïcité et de la liberté d’expression.

Selon elle, si les musulmans veulent être traités comme tous les autres dans leurs sociétés d’accueil, ils doivent justement s’habituer à être traités comme tous les autres.

«Que l’islam accepte le sens de l’humour et que l’islam se plie à la laïcité parce que la laïcité, c’est l’unique modus vivendi qui permet à une société où il y a des gens d’horizons différents de cohabiter ensemble dans la paix», a-t-elle soutenu avec conviction.

Elle a fait valoir que cette cohabitation pacifique n’est possible que dans les démocraties où l’État et la religion sont clairement séparés et où la liberté d’expression est traitée sur le même pied que la liberté de religion.

Mme El-Rhazoui a rappelé que la revue s’était moquée plus souvent des autres religions et des partis politiques français que de l’islam et a ajouté que Charlie Hebdo n’a pas l’intention de s’autocensurer ou de céder à la peur ou aux pressions en ce sens.

«Il est hors de question que nos collègues soient morts pour rien, qu’on les censure après leur mort. Nous ne percevons pas d’autre façon de faire de la presse satirique que celle que nous avons toujours eue, c’est-à-dire de ne pas se soumettre à ceux qui pactisent avec le crime et avec le terrorisme pour nous faire taire», a-t-elle tranché.

Zineb El-Rhazoui a reconnu que tous les employés de Charlie Hebdo savaient qu’ils vivaient sous la menace de représailles depuis la publication de caricatures de Mahomet, mais elle a ajouté que personne n’aurait jamais imaginé une attaque d’un commando de cette envergure.

«Comment se fait-il qu’un homme qui est dans le ‘top 10’ des personnes menacées par al-Qaïda au monde ait pu être assassiné en France? Il est évident qu’il y a eu des failles dans la sécurité», a indiqué la journaliste.

Malgré sa fougue, il est clair que la jeune femme a été sévèrement ébranlée. Le choc, d’ailleurs, ne semble pas encore complètement absorbé si l’on considère la réponse qu’elle a donnée à une journaliste qui lui demandait comment elle allait: «Très sincèrement, je ne sais pas. Je ne sais pas comment je vais, je n’ai pas encore eu le temps de me poser la question. Ça pourra attendre. Je suis vivante. Voilà», a-t-elle laissé tomber.

Elle a dit ne pas avoir mis en doute sa volonté de continuer à travailler à Charlie Hebdo tout en précisant qu’il lui serait impossible de faire quelque reproche que ce soit à quelqu’un qui ne pourrait plus.

La journaliste française devait participer lundi à une soirée de soutien à Charlie Hebdo à Montréal en compagnie de plusieurs artistes et personnages politiques ainsi que de nombreux membres des médias.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.