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Oslo: Le pouvoir de la réconciliation

Photo: Josie Desmarais/Métro

En 1993, un couple de diplomates norvégiens réalise l’exploit de réconcilier deux nations déchirées par la guerre depuis des décennies. Au-delà de l’événement historique, la pièce Oslo se penche sur notre capacité à traverser les douleurs passées pour aller vers l’autre.

« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait », écrivait Mark Twain. Cette citation illustre bien le récit hors du commun de Terje Rød-Larsen et de Mona Juul, les artisans des accords d’Oslo, qui ont pacifié pour un temps le conflit israélo-palestinien.

Accompagnés d’une dizaine de comédiens, Emmanuel Bilodeau et Isabelle Blais incarnent le duo de visionnaires. Grâce à ces derniers, les négociations entre Israël et la Palestine se sont soldées par une première poignée de main entre les dirigeants Yitzhak Rabin et Yasser Arafat à la Maison-Blanche. Comment ont-ils réussi ? « Mon personnage a inventé un modèle qui peut s’adapter à tous les conflits politiques. Il s’agit de sortir les médiateurs de la pièce pour qu’un rapport intime s’établisse entre les parties », explique Emmanuel Bilodeau.

Loin des caméras et des avocats, l’empathie se développe et la douleur de l’ennemi prend des formes semblables à la nôtre. « La guerre cause beaucoup de souffrance, et il y a quelque chose de légitime à déclarer dans les deux camps, donc c’est normal de démoniser l’adversaire. Il reste que dans l’envers du décor, d’autres êtres humains  existent», ajoute la metteuse en scène Édith Patenaude.

Grosso modo, « il faut qu’on soupe ensemble », résume Emmanuel Bilodeau.

«Le théâtre pose des questions, mais c’est rare qu’on emprunte la voie de la solution. On ne prétend pas détenir la vérité absolue, mais cette histoire nous rappelle que les tentatives de dialogue peuvent réussir.» -Édith Patenaude, metteuse en scène

Le comédien espère que la pièce saura insuffler un pouvoir d’action aux spectateurs. « C’est une histoire tellement improbable que c’est à se demander si on ne pourrait pas récidiver au Québec. Ça montre que c’est possible de mettre sa vie de côté pour régler un conflit qui ne nous appartient pas nécessairement », s’enthousiasme-t-il.

Quand le traducteur David Laurin lui propose de monter la pièce de l’Américain J.T. Rodgers, Édith Patenaude appréhende la complexité du portrait géopolitique à dresser. Elle plonge néanmoins dans son deuxième thriller humaniste, deux ans après la mise en scène d’Absence de guerre à La Licorne.

Le contexte historique étoffé a demandé deux ans de recherches, d’entrevues et de voyages à l’auteur avant qu’il puisse porter son texte sur les planches de Broadway en 2016. L’équipe de l’adaptation québécoise a également réfléchi sur la façon la plus légitime d’incarner les différentes nations présentées. «On a travaillé sur les accents, par exemple, pour éviter de tomber dans la caricature tout en conservant les couleurs propres à la culture des personnages», note la metteuse en scène. 

Édith Patenaude avoue ses limites quand vient le temps de porter au théâtre une réalité étrangère à la sienne. «On n’est spécialistes de rien, sauf de théâtre. Il y a une part de recherche essentielle, mais il faut accepter notre imperfection.»

Troublée comme plusieurs par l’annulation des spectacles SLĀV et Kanata cet été, la metteuse en scène ne se dit toutefois pas inquiète pour son spectacle. «L’appropriation culturelle implique la notion de domination, et je ne pense pas que c’est le cas ici. Cela dit, si nous versons dans l’irrespect, nous demeurons à l’écoute de ceux qui voudront bien nous le dire.»

La pièce Oslo est présentée du 4 septembre au 13 octobre au Théâtre Jean-Duceppe.

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