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L’adolescence, selon Ricardo Trogi

Photo: Collaboration spéciale

Avoir 17 ans, 9$ dans son compte à la Caisse populaire et en devoir 40$ au Club Columbia. Passer un test de choix de carrière. Finir son secondaire. Vouloir faire l’amour pour la première fois… et faire de l’argent. Dans 1987, le réalisateur Ricardo Trogi revient sur ces moments charnières de son existence.

Depuis la sortie, il y a cinq ans, du film 1981, dans lequel il retournait à ses 11 ans, Ricardo Trogi avait en tête de revisiter l’été de ses 17 ans. En fait, plutôt un mélange de deux étés, soit ceux de 1986 et de 1987, confie le réali­sa­teur. C’est le question­nement sur ce qu’on va faire de sa vie, qui ont lieu durant cette période de l’existence, qui est le moteur du film.

«On avait ce cours-là [à l’école], Éducation au choix de carrière. Et pour moi, ça avait donné un genre de truc qui ne me tentait pas… Technicien en loisirs. J’ai pensé à mon technicien en loisirs […]. C’était comme quelqu’un de triste, sans sexualité. J’étais comme: “Il a pas l’air de feeler, lui.” Non, je ne veux pas faire ça», se remémore Trogi.

Dans 1987, la fiction est près de la réalité. Les souvenirs du réalisateur constituent la trame de l’histoire du personnage de Ricardo. Des détails, comme le nom de sa blonde, qui ne voulait pas être identifiée, ont été changés. «Mais tout vient de quelque part», précise le cinéaste.

À 17 ans, Ricardo (Jean-Carl Boucher, qui reprend son rôle) est à sa dernière année du secondaire. Il est entouré de ses copains: Boivin (Laurent-Christophe de Ruelle), Dallai­re (Pier-Luc Funk) et Caron (Simon Pigeon). Il veut, comme tout adolescent, s’émanciper et faire de l’argent. Il aimerait bien, aussi, perdre sa virginité avec sa blonde, Marie-Josée (Éléonore Lamothe) et rentrer dans les bars. Après ses idées irréalisables d’entrepreneuriat et un premier boulot de valet-parking qui se termine abruptement, Ricardo se lance – par hasard – dans le crime.

«C’est tout vrai, ça. J’ai payé ma dette, précise Trogi. La dame qui m’a analysé […], elle m’a envoyé faire de la peinture 6 heures de temps quelque part et ça a fini là. Ce qui est un estie de bon deal dans mon cas!»

Quand on est ado, les amis ont une importance particuli­ère. On les voit tous les jours. La gang est tissée serrée. Le quatuor formé par Ricardo, Boivin, Dallaire et Caron atteint un degré de vérité supplémentaire dans le film. Les quatre comédiens sont amis dans la vie. «Fallait que tout soit comme nous on le sentait. C’était très libre, très agréable», raconte Jean-Carl Boucher.

«Les [choses les] plus gênantes, j’aime dire, [sont vraies]. Celles qui ne le sont pas, des fois, c’est les circonstances. Mais tout vient de quelque part. Je fais un gros melting-pot de trucs qui me sont arrivés.» – Ricardo Trogi

Côté famille, Ricardo Trogi ne croit pas avoir évolué dans un environnement «typique». «Il y en a qui viennent me voir [et me disent]: “Ta mère est comme la mienne.” Tabarna­che, toi aussi, t’es passé par là? Ma mère était complète­ment crackpot, raconte le réalisateur. Mais je sais que pour d’autres, c’est pas ça.» Pourtant, la perte de contrôle du personnage joué par Sandrine Bisson, qui reprend le rôle de Claudette, la mère de Ricardo, a quelque chose d’universel. «[En famil­le], on ne vit plus avec des enfants qu’on élève, mais on vit en colocation avec des gens qui prennent des décisions, expose l’actrice, qui avait remporté un Jutra pour le même rôle dans 1981. Tu vis avec eux et tu n’es pas en accord nécessairement avec leurs choix. Et tu ne peux plus rien faire.»

Ainsi, même si l’histoire est celle de Trogi, à une époque que tous n’ont pas connue, tout le monde peut s’y identifier. «Je pense qu’il y a le souci que les gens ne se disent pas que c’est un film d’époque, analyse Jean-Carl Boucher. Oui, [on est dans] les années 1980, mais c’est les mêmes problèmes. Tu veux quelque chose que tu ne peux pas avoir. On te garroche un peu là-dedans. Faut que t’essaies de devenir un adulte, faut que tu fasses de l’argent. Ta blonde, ton char… ce sont des questions que le monde se pose quand même aujourd’hui.»

Québec, trop chère
Ricardo Trogi est un gars de Québec. «Je suis venu [à Montréal] à 24 ans parce qu’il n’y avait visiblement pas d’opportunités pour faire de la réalisation là-bas.» Bien que certaines scènes du film aient été tournées dans la Capitale nationale, ville de sa jeunesse, il n’a pas été possible de le faire autant qu’il aurait voulu. Question d’argent. «Si je pouvais tourner toutes mes affaires à Québec, je le ferais tout le temps. Tout le temps. Toute. Même les scènes qui se passent à Montréal, je les tournerais à Québec. Parce que les gens collaborent bien plus», commente le cinéaste.

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=1RjoLqgpOpY&w=640&h=360]
1987
En salle dès mercredi

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