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Fin de la tarification unique en service de garde

Photo: Isabelle Bergeron/TC Media

Plus de 70% des familles québécoises devront payer davantage pour leur place dans une garderie subventionnée. Le gouvernement provincial a annoncé que le tarif unique est abandonné au profit de la modulation selon le revenu. La place d’un enfant en garderie subventionnée était de 7,30 $ par jour, depuis le 1er octobre 2014. Avec l’annonce du premier ministre, le coût est désormais ajusté au revenu familial brut.

«Une augmentation à 10 ou 15$ est énorme. C’est le double. C’est un choc important. Les familles devront payer jusqu’à 1000$ de plus par année pour un service de garde», affirme la députée de Hochelaga-Maisonneuve, Carole Poirier.

Pour un ménage aux revenus entre 50 000 et 75 000 $, le tarif augmentera à 8$ par jour, par enfant. Le coût augmente à 11,75$ pour un revenu familial oscillant de 75 000$ à 100 000$. Le coût maximal s’élève à 20$ par enfant, par jour, pour les familles ayant un revenu de plus de 150 000$.

«C’est un grand coup pour les familles de la classe moyenne. On revient 30 ans en arrière avec cette mesure», indique Brigitte Meriel-Bussy, directrice générale du centre à la petite enfance (CPE) Gros bec.

«Nous avons beaucoup de parents défavorisés ou monoparentaux dans le secteur. Déjà, l’augmentation de 0,30$ par jour, demandé depuis le 1er octobre, était difficile pour eux. J’ai aussi des familles avec trois ou quatre enfants. Je ne voudrais pas être dans leur pantalon», ajoute Lucie Lapointe, directrice générale du CPE Le jardin charmant.

Cette augmentation de tarif provoque une grande remise en question pour les familles, estiment les deux directrices.

«Déjà, des éducatrices se demandent si elles vont continuer à travailler. Avec l’augmentation, ça leur couterait plus cher d’envoyer leurs enfants à la garderie que de rester à la maison. On va peut-être revenir à la notion que la femme doit rester à la maison pour élever les enfants», laisse savoir Mme Lapointe.

«Une dame est venue me voir. Elle m’a affirmé que sans le tarif à 5$, elle n’aurait jamais pu poursuivre ses études. Aujourd’hui, elle est enseignante. Une autre m’a même avoué qu’avoir su que le tarif augmenterait, elle n’aurait peut-être pas eu un second enfant», raconte Mme Meriel-Bussy.

Fin de l’allocation en milieu défavorisé
En plus de la modulation du tarif selon le revenu familial, l’allocation en milieu défavorisé au sein des services de garde en milieu familial a été coupée. Pour le CPE Gros bec, qui est le bureau coordonnateur couvrant les quartiers Mercier-Ouest et Hochelaga-Maisonneuve, ça correspond à une perte de 135 000$ annuellement.

«Nous utilisions cet argent pour former des responsables en services de garde et pour offrir un soutien à travers des programmes et des activités, notamment la lecture dans les parcs et les journées gym. Là, nous devrons abandonner des projets», annonce Mme Meriel-Bussy.

Ce financement permettait de sortir de l’isolement les enfants en milieu familial, mais aussi d’offrir des outils aux responsables afin que les enfants puissent être prêts pour la rentrée scolaire.

«Il y a beaucoup d’enfants avec des retards de langage. En étant en contact avec d’autres jeunes et une intervenante, ils se développaient plus rapidement. Là, ils auront des retards à leur entrée à l’école», fait valoir Mme Lapointe.
Pour tenter d’éponger cette coupe, il y a eu une réduction d’effectifs au bureau coordonnateur. Une réorganisation des tâches est aussi en route.

«Nous avons perdu une adjointe en conformité, qui avait, entre autres, le mandat d’assurer la saine alimentation des enfants en milieu familial. Nous avons aussi diminué le nombre d’heures de tous les employés du bureau», explique Mme Meriel-Bussy.

Revenu Tarif
Moins de 50 000$ 7,30$
75 000$ 8$
100 000$ 11,75$
122 000$ 15$
150 000$ et plus 20$

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