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Portrait de famille

Photo: Photo : TC Media - Isabelle Bergeron

Dans l’appartement de la rue Dora, à LaSalle, ou vivent Stéphane, Daniel, Johanne et Alain, la déficience intellectuelle n’est pas un tabou. Ils évoluent aux côtés de Sandra Cormier et de son conjoint Ladji Diakite, qui les supervisent.

Il s’agit de la toute première maison ouverte par Les Services résidentiels Kaël (SRK), un organisme mis sur pied par la Corporation L’Espoir en 2002.

«C’est une expérience extraordinaire, car ils sont davantage intégrés dans leur communauté», explique Caroline Langevin, directrice générale de la Corporation L’Espoir.

Pour M. Diakite, il est important que chacun soit traité comme un adulte à part entière. «Il ne faut pas s’arrêter au diagnostic ou les infantiliser parce qu’ils ont une déficience», estime celui qui travaille pour le même organisme.

«On utilise beaucoup l’humour», soutient sa conjointe, Sandra Cormier, ressource résidentielle innovatrice.

Cohabitation
Chacun a sa propre chambre et est responsable de diverses tâches, telles que le ménage ou le ramassage des poubelles et du recyclage.

À tour de rôle, les résidents préparent le souper selon un menu établi la semaine précédente. «Ils consultent leurs livres de cuisine pour choisir les repas, puis on adapte par rapport à leurs régimes de santé», explique Mme Cormier.

Plusieurs fois par semaine, ils s’entraînent sur les machines de la salle de gym aménagée dans le garage. «Parfois, ils font du vélo stationnaire ou de l’elliptique en écoutant Elvis sur YouTube», raconte-t-elle.

Le reste du temps, chacun vaque à ses activités professionnelles et à ses loisirs. À 49 ans, Alain est atteint d’une déficience légère et travaille à l’entretien au CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île.

De son côté, Johanne vit avec une paralysie cérébrale. Elle se rend souvent au centre communautaire Marcel-Giroux à Verdun pour dessiner et jaser avec ses amis. Du haut de ses 55 ans, elle est la doyenne de la résidence et a toujours le sourire aux lèvres.

Les familles restent aussi très impliquées dans la vie des résidents.

Des liens solides
Si le petit groupe a beaucoup de joyeux souvenirs, ils s’entraident aussi dans la maladie.

L’artiste de la maison, Daniel, fait du théâtre et peint. Âgé de 45 ans, il vit avec un trouble du spectre de l’autisme. «Tout ce qu’il y a dans sa tête, il l’exprime sur une toile», dit Mme Cormier.

C’est lui qui vient toujours à la rescousse d’Alain qui fait régulièrement des crises d’épilepsie.

«Malgré son trouble de l’autisme, c’est lui qui arrive en premier», ajoute Mme Cormier, précisant qu’il s’est ouvert de manière extraordinaire au fil des années.

De son côté, Stéphane a vécu des moments difficiles lorsqu’il a réalisé qu’il était trisomique. «Il se regardait souvent dans le miroir, c’était rough, mais toute la gang l’a rassuré. Johanne lui flattait les cheveux et agissait comme une petite maman», raconte Sandra Cormier avec émotion.

Aujourd’hui, il est commis à la friperie Renaissance.

Mme Cormier a elle-même bénéficié du soutien de ses pensionnaires. Il y a deux ans, elle a combattu un cancer. «J’ai dû expliquer ce qu’était la chimiothérapie quand j’ai perdu mes cheveux, mais ça s’est bien passé globalement», explique-t-elle.

Malgré ou peut-être grâce à ces épisodes ardus, les six colocataires semblent plus soudés que jamais.

Semaine de la déficience intellectuelle
Tenue du 11 au 17 mars, elle est d’importance capitale pour sensibiliser les gens aux déficiences intellectuelles selon Mme Langevin. «Il n’y a pas si longtemps, ces gens étaient institutionnalisés, ils ne participaient pas aux actions communautaires et citoyennes», indique-t-elle.Cet événement permet d’aller à leur rencontre afin qu’ils soient reconnus en tant que citoyens à part entière et dans le but de réduire la stigmatisation.

Résidences Kaël
La Corporation L’Espoir propose de nombreuses activités et programmes de soutien aux familles vivant avec une personne présentant une déficience intellectuelle ou trouble du spectre de l’autisme.
Dans le cadre du programme d’apprentissage à la vie autonome, deux résidences SRK ont été ouvertes en 2003 à LaSalle et en 2007 à Lachine, bénéficiant à neuf personnes au total.
SRK propose aussi du soutien aux personnes demeurant dans leur milieu familial.

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