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Mariana Mazza, la vérité toute crue

Photo: Josie Desmarais / TC Media

Artiste montante, Mariana Mazza a grandi à Montréal-Nord avant de devenir l’une des révélations de la scène humoristique québécoise. Une enfance qui «a forgé [la] personnalité» de celle qui peaufine son premier one-woman-show.

Ne lui dites surtout pas qu’elle est provocante ou qu’elle aime le scandale. Pire, les deux. Rapidement, Mariana Mazza pose sur la table d’un café du Village, au centre-ville, le jus qu’elle sirotait tout en multipliant les anecdotes sur son parcours, et s’empresse de rectifier.

«Pour une fois qu’une fille ouvre sa gueule et dit ce qu’elle pense, on ne parle que de ça, reproche la jeune femme de 25 ans. La société veut du buzz et certains médias l’alimentent. Ce n’est pas vrai, je n’aime pas provoquer. Mais j’assume tout ce que je dis avec aplomb. Peut-être qu’on est trop habitué à être des « yes men »».

Vulgaire pour les uns, bombe d’énergie et succulente figure d’une liberté d’expression pour d’autres, Mariana Mazza ne laisse personne indifférent. Rouge à lèvres vif, les cheveux accrochés avec un chignon sur le haut du crâne, la révélation du festival Juste pour Rire 2014 rêvait plutôt d’un autre destin lorsqu’elle montait les marches de l’école Calixa-Lavallée.

Vétérinaire, soccer et humour
«Comme tous les jeunes, je voulais d’abord être vétérinaire», se marre celle qui a ensuite tenté d’emprunter les pas de l’un de ses modèles, le célèbre joueur de soccer argentin, Diego Maradona.

Mais après une dizaine d’années de pratique, des sélections avec l’équipe du Québec et même un camp avec le Canada, la carrière de la future humoriste s’arrête sur une fichue blessure au genou, à 16 ans.

«La première rupture amoureuse de ma vie, soupire-t-elle. Je tenais vraiment à devenir professionnelle, même si je connaissais les difficultés pour obtenir un salaire ou pour, ensuite, fonder une famille.»

Avant de devenir humoriste, Mariana Mazza pensait être vétérinaire ou joueuse de soccer.
Avant de devenir humoriste, Mariana Mazza pensait être vétérinaire ou joueuse de soccer.

«Montréal-Nord, c’était parfois comme un ghetto»
Changement de voie ensuite pour celle qui fut, selon ses dires, «fille populaire mais avec des complexes» au secondaire. Née d’un père uruguayen et d’une mère libanaise, Mariana Mazza jure s’être bâtie «une carapace» après une enfance passée non loin des boulevards Henri-Bourassa et Pie IX.

«Enfant, j’ai toujours voulu rendre les gens heureux. J’étais un électron positif, je voulais tout le temps créer des projets», révèle-t-elle avant d’évoquer un quotidien parfois moins reluisant.

«Montréal-Nord, c’était parfois comme un ghetto. Heureusement, ça a beaucoup changé. J’ai eu des amis très pauvres, qui étaient en détention pour des vols ou de la drogue, d’autres qui fuguaient, qui quittaient l’école. Tout le monde ne te tendait pas la main pour t’aider, mais pour te gifler.»

Aujourd’hui résidente du Village, l’artiste assure que ce passé «m’a influencé dans la manière de voir la vie».

«J’ai vu des côtés sombres et je n’ai pas peur de foncer. J’ai vu ce que cela pouvait donner de ne pas croire en tes rêves. J’ai ouvert les yeux.»

«Un spectacle personnellement engagé»
Alors qu’elle peaufine actuellement son premier one-woman-show qui débutera cet été, Mariana Mazza promet qu’«il ne parlera pas que de fellation, de vagin ou de masturbation comme l’ont affirmé certains».

«Si je devais mourir, ce serait tout ce que je voudrais dire, indique-t-elle, retrouvant un ton sérieux. Ça vient des tripes. Je veux parler de notre société, des interdits qui existaient. Je veux parler aux jeunes de 15-17 ans qui se cherchent. C’est un spectacle personnellement engagé.»

Ensuite, la Montréalaise pourra se pencher sur ses prochains objectifs. «Je veux être une inspiration pour les gens qui ont perdu la notion de rêves», philosophe l’ex-chroniqueuse sur ARTV avant d’éclater de rire. «Puis je m’achèterai un jet ! Non, un hélicoptère», corrige-t-elle avec un soupçon de désir dans les yeux. Provocatrice, vraiment ?

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