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166 ans d’expos universelles

The Transept at the Great Exhibition in Crystal Palace, the glass and iron building designed by Joseph Paxton, at Hyde Park, London. Original Artwork: From Dickinsons' Comprehensive Pictures of the Great Exhibition (Photo by Hulton Archive/Getty Images) Photo: Getty Images

Il y a 50 ans aujourd’hui, Montréal inaugurait Expo 67. L’événement qui a marqué le Québec a également apporté sa touche dans l’évolution des expositions universelles. Si ces dernières existent depuis le milieu du XIXe siècle, leur définition et leur mission restent méconnues. Métro revient sur plus de 150 ans d’expositions universelles et jette un regard sur ce qu’elles sont devenues.

Les débuts

C’est en 1851 que la Grande exposition voit le jour à Londres. Cette première exposition universelle, marquée par la construction du célèbre Palais de Cristal, accueillera 28 États et recevra un peu plus de 6 millions de visiteurs. «[Dès leur première apparition sur la scène mondiale, les expositions] ont toujours été des instruments, des plateformes et des produits de coopération internationale», souligne Vicente G. Loscertales, le secrétaire général du Bureau international des expositions (BIE) à Paris, par courriel.

Marqué par son éternelle rivalité avec l’Empire britannique, l’Empire français organisera lui aussi, quatre ans plus tard, en 1855, une exposition universelle. C’est là que les vins de Bordeaux obtiendront leur classification officielle.

«La France a été déçue de ne pas avoir été celle qui a élaboré la première exposition la plus exemplaire et festive», précise Brigitte Schroeder-Gudehus, professeure au département de science politique de l’Université de Montréal et spécialiste des relations internationales et de la politique des expositions universelles.

Ainsi, entre 1855 et 1900, Paris organisera pas moins de cinq expositions universelles, desquelles naîtront entre autres la tour Eiffel, la statue de la Liberté ou encore les concepts de l’écriture braille et de l’escalier mécanique.

Pour Mme Schroeder, «l’exposition de 1851 demeure l’archétype des expositions universelles. Avec son Palais de Cristal, elle marqua dès le début l’importance qu’auront par la suite les prouesses architecturales», écrivait-elle en 2007, à l’occasion des 40 ans d’Expo 67, dans Progrès et fierté : les expositions universelles publié dans le Bulletin d’histoire politique.

Une compétition

La Convention de Paris de 1928 définit l’exposition universelle comme une «manifestation […] faisant l’inventaire des moyens dont dispose l’homme pour satisfaire les besoins d’une civilisation et faisant ressortir les progrès réalisés ou les perspectives d’avenir».

Nées d’un désir de présenter les performances artisanales et industrielles, les expositions universelles ont permis de dévoiler des prouesses nationales.

«La plupart des expositions universelles ont eu des prix et des médailles. Jusqu’en 1958, ceux-ci récompensaient les innovations et les réalisations des participants», explique M. Loscertales.

Les récompenses ont été supprimées lors des expositions de Chicago en 1933 et de New York en 1939, avant d’être complètement abandonnées lors d’Expo 67. Elles ont été de nouveau remises lors de l’expo d’Aichi en 2005. «Depuis 2005, les prix remis récompensent davantage la participation des États», précise le secrétaire général du BIE.

«[Mais], les expositions universelles ont amené des problèmes de contrefaçon et d’espionnage», souligne Mme Schroeder-Gudehus.

C’est ainsi que la Convention de Paris pour la protection de la propriété industrielle est adoptée en 1883. «[…] C’est la première grande mesure prise pour aider les créateurs à faire en sorte que leurs œuvres intellectuelles soient protégées dans d’autres pays», détaille l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle sur son site.

Première «Expo»

Même si Expo 67 s’inspire des expositions universelles «classiques» (françaises et américaines), l’édition montréalaise – la première au Canada – apporte sa touche à l’événement. C’est à partir d’Expo 67 que les expositions perdent leur adjectif «universelles» pour devenir tout simplement Expo. «Le terme «Expo» est court, universel et facilement identifiable dans de nombreuses langues. Il est utilisé notamment depuis Expo 67», précise M. Loscertales, du BIE.

Témoin du temps

Les expositions universelles ont été en constante transformation au fil du temps. Elles ont été influencées dès leurs débuts par la révolution industrielle et le progrès. «Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, ces expositions glorifiaient le progrès et annonçaient un monde meilleur», rappelle la spécialiste de la politique des expositions universelles de 86 ans. Mais après, en raison du nucléaire, «le progrès est devenu suspect et il était difficile de le célébrer».

Les thèmes

Dès 1851, les expositions universelles ont des thèmes portant principalement sur les prouesses et la performance. Celle de Londres s’intitulait la Grande exposition des travaux de l’industrie de toutes les nations.

«Depuis 1994, [le BIE] encadre davantage le choix du thème et sa pertinence pour trouver des solutions face aux défis de l’humanité», précise M. Loscertales.

Ainsi, Expo 2000, à Hanovre, en Allemagne (photo), se voulait une réflexion sur l’homme, la nature, la technologie et l’économie d’énergie et d’espace.

«En invitant à explorer un thème donné, chaque pays permet aux visiteurs de comprendre sa vision, son identité et sa culture. Les expositions ont ainsi un pouvoir de transformer la manière dont les nations et leurs cultures sont perçues», ajoute-t-il.

Réglementation

Jusqu’en 1928, l’organisation d’une exposition universelle n’était pas réglementée et la fréquence des événements était aléatoire. Pour Mme Schroeder-Gudehus, cela a conduit «à une prolifération des expositions universelles».

«L’adoption de la Convention de Paris en 1928 par 31 pays [crée] le Bureau international des expositions (BIE) pour réglementer la fréquence des expositions et définir les droits des participants et des organisateurs», explique le BIE.

Exposition d’inégalités?

 

 

 

 

Pavillon du Soudan et celui des États-Unis à Expo 2015, à Milan en Italie

«La participation de l’ensemble des États est favorisée afin que tous puissent être représentés», indique Vicente G. Loscertales.
Pourtant, sur les 168 États et pays membres du BIE, tous ne peuvent pas prétendre être représentés de la même façon à une exposition universelle.

«Une aide technique est apportée [selon des critères tels que le degré de développement du pays selon la classification de I’ONU et de la Banque mondiale] pour favoriser leur participation», ajoute le BIE.

Ainsi à Expo 2015, à Milan, en Italie, seulement 53 pays possédaient un pavillon et celui du Soudan (photo) se devait de rivaliser avec celui des États-Unis (photo).

«Il y a une certaine fierté à être présent. À être un pays qui vaut la peine d’être connu», explique Brigitte Schroeder-Gudehus. «Les pays souhaitent se promouvoir à l’étranger et montrer au monde ce qu’ils sont et ce dont ils sont capables», précise M. Loscertales.

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