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Ce show: le piège de l’internet

Photo: Denis Beaumont/Métro

C’est définitivement la rentrée. La semaine télévisuelle est très chargée avec des galas et quelques nouveautés qui se pointent le bout du nez. Une de ces nouveautés m’intriguait particulièrement et je dois dire que jusqu’ici, je suis encore perplexe à son sujet. Il s’agit de Ce show, le nouveau véhicule de Mike Ward sur les ondes de Musique Plus.

Dans une ingrate case horaire (23h), c’est quoi au juste Ce show?

Un talk-show de fin de soirée? Non, pas du tout. Ward le souligne avec aplomb lors de la première diffusion. Il n’y aura pas d’invités, ce n’est pas Salvail et il ne va pas jaser avec Gregory Charles. Donc, on efface tout de suite les comparatifs à Un gars le soir de Mercier qui était en ondes à V avant.

Un show de musique? Oui et non. Il y a un band en studio (Cafeïne pour les premières), mais on doit attendre au dernier bloc de l’émission avant d’avoir une chanson complète. Vite de même, il n’y aura pas de vidéoclips à Ce show, sauf pour en rire (à la Cliptoman, peut-être).

Un show d’humour? Malgré la présence d’humoristes de la relève, on peut difficilement dire que Ce show fait dans l’humour traditionnel. Les humoristes viennent présenter de courts topos à Ward qui, de son côté, commente le travail. Pas complètement un spectacle d’humour alors.

Une vitrine pour les artisans du web? Encore là, oui et non. Ward a dévoilé une grande équipe familière aux consommateurs du web québécois, mais ça reste le même format de topo avec des visages moins familiers. Même que ça sent déjà le réchauffé après seulement deux diffusions (vite de même, Jay St-Louis avait déjà fait un vidéo sur l’art contemporain pour les nuls sur sa chaîne YouTube. On remâche des vieilles idées pour la télé et ça, ce n’est jamais bon signe).

Donc, c’est quoi Ce show?

Ma première impression : personne autour de la table ne le sait. Mike Ward a la volonté de produire du contenu avec une gang jeune, dynamique et méconnue. Tout à son honneur. Sauf qu’on ne sait pas trop quoi en faire et ça paraît sur le résultat final. D’ailleurs, peut-être qu’on gagnerait à ajouter une foule au lieu de l’équipe technique qui applaudit l’animateur lors de son discours d’intro. Juste une idée comme ça.

Le piège d’offrir une vitrine aux gens du web (comme a découvert trouble.voir.ca qui n’est plus l’ombre de ses ambitions au lancement), c’est qu’on doit les sortir de leur médium afin de rejoindre plus de monde. Une pièce ronde dans un moule carré. On se retrouve avec de longs runnings-gags qui tombent à plat rapidement, des qualités de productions aléatoires au mieux et des gens qui, à l’occasion, ne sont tout simplement pas à leur aise dans un studio de télévision. Ce show souffre de toute cette instabilité et la production essaye de compenser en surhabillant tous les segments. Beaucoup trop de musique, d’effets sonores et de transitions vidéo. On dirait par moment du vieux MTV des années 80 avec l’usage abusif de l’effet négatif dans l’image et du logo couleur pastel clignotant un peu partout pour nous donner l’impression d’une petite crise d’épilepsie en fin de soirée.

Faut être clément, faire une quotidienne est un gros défi et ça commence à peine. Ward trouvera son rythme à l’animation et quelques détails s’ajusteront organiquement. Par contre, la prémisse même d’offrir une fenêtre aux créateurs du web est peut-être un faux-pas duquel on devrait s’éloigner rapidement.

J’ai toujours dit que Musique Plus avait la bonne approche en ciblant un public plus jeune et en capitalisant sur la popularité (et la liberté) de l’internet. C’est un créneau très peu exploité au Québec et c’est bien de redéfinir l’identité de la station à la dérive depuis le déclin du vidéoclip. Par contre, il ne faut pas non plus se mettre à dos le reste de l’auditoire moins familier avec les frasques virtuelles, en proposant une quotidienne confuse qui ne fait que présenter des vidéos de l’internet. M+ a déjà Buzz qui couvre ce mandat. D’ailleurs, une émission articulée autour du web qui n’est pas disponible par la suite sur le web, c’est un peu ridicule. On prend des notes Musique Plus.

Ce show trébuche en sortant des blocs de départ, mais il y a beaucoup de potentiel. Mike Ward est de plus en plus une valeur sûre avec ses projets et j’ai tendance à lui laisser un passe-droit jusqu’à preuve du contraire. Si le rythme n’est toujours pas trouvé en novembre, j’ajusterais ma perception. Pour l’instant, je ne suis pas inquiet pour le projet, malgré mes quelques réserves.

BONUS: ne snobez pas Murphy Cooper

Même s’il fait des efforts conscients pour avoir l’air d’un conseiller en orientation «flower power» dans une polyvalente du Québec des années 80, Murphy Cooper est une voix pertinente sur le net et son intervention avant la diffusion de la première émission m’a fait rire. Comme quoi le copinage n’est pas seulement un fléau dans la grande tour de TVA.

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