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À la recherche de la coupe perdue

Montreal Canadiens' Max Pacioretty (67) celebrates with teammate Andrei Markov after scoring against Colorado Avalanche during first period NHL hockey action in Montreal, Saturday, December 10, 2016. THE CANADIAN PRESS/Graham Hughes Photo: Graham Hughes/La Presse canadienne

Chaque fois que Canadien ne joue pas pendant quelques jours, je fais le même constat: bâtard que j’en perds du temps à les regarder jouer.

Bon. Cela étant dit, Canadien ayant encore subi la défaite lundi contre Boston et craignant fortement le match de ce soir contre San José, je me suis amusé à me demander ce qui pouvait expliquer la disette de coupes Stanley de Canadien depuis 1993, à part le manque de vision de l’organisation et de joueurs de talent en quantité suffisante, ainsi qu’un gros bonhomme possédant une bonne vision et du talent en quantité suffisante.

Et c’est en trempant mes chips dans ma bière au resto à côté de la job mercredi midi qu’une réponse m’est venue en repensant à Marcel Proust et à son roman À la recherche du temps perdu.

Voyez-vous, c’est que, comme l’être humain chez Proust, Canadien est essentiellement et éminemment nostalgique. Dans le cas qui nous occupe, Canadien est nostalgique d’un passé glorieux. Ainsi, à la manière du narrateur d’À la recherche du temps perdu, Canadien a longtemps pu tirer des odeurs de poche de hockey, de swing de vestiaire et du goût du champagne dans la coupe une manière de nourrir le présent à partir du passé. Ce passé ayant été glorieux de manière constante d’année en année, chaque formation de Canadien comportait jadis en son sein un joueur qui avait vécu la victoire d’une Stanley.

Il suffisait donc, pour ce ou ces joueurs au passé glorieux, de prendre une puff de vestiaire qui pue après une grosse victoire ou encore de boire du champagne avec l’équipe pour être catapulté, par la mémoire, le soir d’un match où ils avaient remporté la coupe Stanley avec Canadien. Restait alors à contaminer l’équipe de leur bonne humeur en partageant leurs souvenirs. Ainsi qu’en payant une tournée de danses à 10$.

Or, ces moments de temps à l’état pur – ou extratemporels, mettons – sont désormais improbables chez Canadien. Autrement dit, la coprésence du temps passé glorieux dans le temps présent afin de nourrir le futur en marche est devenue impossible en raison de l’absence d’un passé de gagnant des joueurs actuels de Canadien. Bien sûr, certains ont remporté la coupe ailleurs, mais ça, ça ne compte pas. La preuve étant Andrew Shaw. Sérieux, méchant jambon.

Conséquemment, comme le narrateur d’À la recherche du temps perdu, Canadien est souvent déçu. En effet, bien que son imaginaire soit nourri par la machine marketing de l’organisation et l’aveuglement des fans quant à l’effet qu’ils formeraient supposément un maudit bon club, eh bien, au final, chaque fois, le dur constat de la réalité frappe comme un double échec dans le dos près de la bande : Canadien est pourri comme de la marde.

Bref, je suis sincèrement désolé de vous dire ça, gang, mais Canadien ne gagnera plus jamais la coupe.

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