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Noëls d’antan

bandeau nostalgieJ’ai une règle concernant la nostalgie: éviter d’y céder à tout prix. Vous me trouverez peut-être psychorigide ou rabat-joie de vouloir me priver du doux sentiment de ressasser ses souvenirs d’enfance, mais règle générale, la nostalgie ne peut que dresser un portrait déformé d’un passé qui, de toute façon, par définition, est chose du passé.

Comme pour nous protéger de l’amertume, le cerveau a tendance à ne retenir que le positif. C’est ainsi qu’on se souviendra de la chouette époque où on jouait sans soucis aux cow-boys et aux Indiens, oubliant qu’on perdait tout le temps au profit des plus vieux, ou encore à quel point ce jeu était raciste.

Mais aujourd’hui, en ce spécial nostalgie, tout prélassement mnémonique est permis. Le temps des Fêtes se prête particulièrement bien à l’exercice, puisqu’il se trouvera immanquablement un vieil oncle pour dire que le Bye Bye, c’était ben meilleur dans les années 1970 (Olivier Guimond, saoul, qui déboule les marches, c’est TELLEMENT DRÔLE), ou une cousine pour dire que les cadeaux étaient plus l’fun quand on était ti-culs.

L’âge a certainement un impact sur notre prédisposition à nous émerveiller des cadeaux : recevoir un Pogo Ball aujourd’hui me laisserait probablement de glace (quoique…). Mais je dois admettre que je souscris davantage à cette impression que les cadeaux étaient plus beaux dans l’temps. Les Popples, ces toutous multicolores qui se repliaient dans leur poche intégrée, amusaient filles et garçons. Les bagues change-couleur nous disaient c’était quoi nos émotions du moment. Un troll dans le bas de Noël et on était contents. Mon Boglin que j’ai reçu en 1991, je l’ai gardé jusqu’à ce que je quitte la maison familiale. Il m’a accompagnée tout au long de mon adolescence : rendu là, il avait des piercings et sentait la vieille «botche» de cigarette.

Si vous ne savez pas ce qu’est un Boglin, c’est que vous n’avez pas connu l’époque où on pouvait recevoir: un walkman, une mini-enregistreuse, un appareil photo, un Super Nintendo, un tamagotchi et un carnet d’adresses à l’effigie de Manuel Hurtubise. On n’avait pas UN COSSIN qui fait tout ça à la fois.

Aujourd’hui, les jeunes ont déjà tout. Impossible de les satisfaire. Voyez ce que ça fait, la nostalgie: je sonne soudainement comme une vieille boomer qui ne comprend pas que les temps ont changé. Que les jeunes d’aujourd’hui trippent sur autre chose que les manteaux Hors la loi et les romans Frissons. Mais qu’ils se souviendront éternellement des maudits lutins qui font des mauvais tours, avec la même nostalgie que moi quand je regrette l’odeur du sapin. Mais tsé, des sapins, ça pollue.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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