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Juste pour rire de quelque chose de vraiment pas drôle

Photo: Facebook/Juste pour rire

Le harcèlement de rue, c’est vraiment pas drôle. C’est une chose que les filles vivent à tous les jours. Ça nous agresse, nous fait peur, nous humilie, quand ça ne fait pas juste scrapper notre journée en nous mettant en beau fusil. Mais Juste pour rire a cru bon de rire de ça, comme en a témoigné Livia Dallaire, dans un statut Facebook qui a été amplement partagé. Comme on ne cesse de nous répéter qu’il y a toujours deux côtés à une médaille, j’attendais la version des faits de Juste pour rire. Voici comment le côté JPR de la médaille m’a encore plus dégoûtée que le récit de Livia Dallaire.

1. C’est pas parce qu’on est «mortes de rire» que c’est drôle

Le producteur des Gags Pierre Girard dit qu’il ne comprend pas l’indignation de Livia Dallaire parce qu’elle était morte de rire. Dans son récit, Livia Dallaire admet qu’elle a ri. «Je ris [en voyant le jardinier harcelant tomber], me disant que son égo en aura pris un coup et qu’il me laissera tranquille», explique-t-elle. Mais il y a plusieurs autres facteurs qui font rire les filles sans que ça ne soit drôle. Si vous regardez des vidéos de femmes journalistes qui se font harceler pendant leurs directs, vous verrez que souvent, elles rient. Elles rient pour ne pas perdre ce qu’il leur reste de face. Elles rient pour ne pas faire de malaises. Elles rient pour être adéquates. Les femmes rient parce qu’elles ont été socialisées à demeurer agréables en toutes circonstances, jusque dans l’humiliation.

2. La plupart des gars ne sont pas niaiseux

Monsieur Girard poursuit son explication en disant que «C’est un petit gag niaiseux, […qui] démontre comment les gars sont épais». C’tu moi ou c’est super sexiste cette idée-là? Les gars ne sont pas fatalement niaiseux. La plupart des gars ne harcèlent pas les filles dans les parcs, et ceux qui le font ne méritent pas qu’on les encourage dans leurs niaiseries qui sont, comme les Gags, souvent faites juste pour rire.

3. Le consentement

L’aspect le plus troublant du récit de Livia Dallaire, c’est la partie où elle raconte avoir signé un formulaire de consentement AVANT le gag, sous un prétexte fallacieux. JPR nie cette partie. C’est leur parole contre celle de Livia. Mais pourquoi inventerait-on une telle histoire? Peu importe, Pierre Girard se défend en disant: «Elle avait juste à nous appeler et on l’aurait retiré, tout simplement». Qui sait ça? La plupart des individus ne signent pas régulièrement des formulaires légaux et il n’est pas saugrenu de croire que lorsqu’ils le font, ils ont l’impression qu’il s’agit d’un geste sérieux, irrévocable.

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