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J’ai (sûrement) rencontré la future première astronaute canadienne Magrhébine

Après avoir passé 90 minutes avec Ibtissam Kaissoumi, je n’ai aucun doute qu’elle réussira son rêve: devenir astronaute. Cette jeune femme arrivée au Québec à l’âge de 16 ans du Maroc réussit tout ce qu’elle entreprend, du moment que ce soit assez difficile.

Au secondaire, comme des milliers d’autres lycéens, Ibtissam va voir un conseiller d’orientation et lui explique sa passion pour la technologie et les avions. Elle lui demande quelles sont les études les plus difficiles qu’elle peut suivre. Elle s’inscrit et est acceptée à l’École nationale d’aérotechnique (ÉNA) du Cégep Édouard-Montpetit. Elle aime pousser ses limites au maximum et inspirer les autres, m’explique-t-elle: «J’ai toujours voulu montrer que les femmes aussi sont capables de grandes choses».

Elle ne connait rien en mécanique, contrairement aux élèves de sa classe, ce qui ne l’empêche pas de finir première de sa cohorte. Elle ne peut pas s’arrêter en si bon chemin. Elle obtient une bourse, grâce à ses excellents résultats scolaires pour étudier à l’École de Technologie Supérieure (ÉTS) en génie électrique.

Faire des études prestigieuses, ça ne suffit pas à Ibtissam. Elle décide de rejoindre une startup qui a le vent en poupe, Uvolt, en tant que directrice des technologies. Une aventure qui dure quelques mois, à travailler 80 heures par semaine dans des délais ultra serrés, afin de lancer deux prototypes fonctionnels de montres capables de recharger nos appareils mobiles, utilisant un mélange d’énergie par induction et solaire. Un vrai défi technologique comme elle les aime. Après une campagne de sociofinancement décevante, la startup décide de ne pas commercialiser son produit. Qu’importe, la jeune femme apprend beaucoup, aussi bien sur le plan personnel que professionnel: «Je me couchais à 6h du matin alors que j’avais un examen le lendemain après-midi. C’était réel, ce n’était pas un projet de laboratoire. Ça m’a donné une confiance en moi incroyable!»

Dernièrement, poussée par ses professeurs, la jeune fille décide de s’inscrire au très prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT). Sa devise: si quelqu’un l’a déjà fait, c’est que c’est faisable. C’est le défi le plus fou auquel elle a pensé. Ibtissam a besoin d’inspirer les autres: «Je veux être la première femme arabe musulmane astronaute. Au Maroc, c’est difficile de percer dans la technologie. Il n’y a pas d’exemples à suivre pour les jeunes Marocaines. Ici, on a Julie Payette, mais au Maroc, il n’y a personne. Je veux qu’elles sachent que c’est possible.»

Déjà jeune, Ibtissam aimait l’astronomie, la physique et les maths. «J’aime ces matières parce qu’elles sont réputées être les plus difficiles». Au Cégep, elle faisait des maths pour s’endormir le soir. Elle concède ne pas du tout être faite pour la littérature, mise à part la philosophie qu’elle lit «parce que c’est difficile à comprendre.» En première année de primaire, son père l’oblige à apprendre les tables de multiplication jusqu’à 12, alors que la plupart des gens apprenaient juste à compter. «Au début, mon intérêt pour les mathématiques n’était pas un choix, mais ça l’est devenu.»

Dans le monde de la jeune fille, les défis existent pour être relevés. «J’ai besoin d’être stimulée tout le temps et d’avoir des objectifs. Même si je ne les atteins pas, j’y gagne quelque chose.» Mais Ibtissam atteint tous les objectifs qu’elle se lance.

Le jeune femme donne des laboratoires à l’ÉTS depuis ses 21 ans: «J’ai eu 100% à mon examen final. Mon prof m’a dit que j’étais la deuxième personne dans ces sept dernières années à obtenir cette note, donc il m’a offert cette job.». Lorsque des étudiants lui posent des questions elle leur répond par une question, puis une autre question, etc. jusqu’à ce qu’ils arrivent eux-mêmes à la réponse. Elle aime pousser les autres à réfléchir par eux-mêmes. La jeune fille respire une confiance en elle qu’on voit peu souvent chez les jeunes de son âge. Elle aime transmettre le savoir, mais reste sévère dans son enseignement: «À l’ÉTS, on forme les ingénieurs de demain et je veux former de bons ingénieurs».

«Naturellement, nous les femmes, pensons qu’on est inférieures aux hommes, car ce sont eux qui contrôlent le monde. Ils ont les plus gros salaires, ils sont les présidents de nos pays. Il nous faut des actions concrètes et des modèles pour montrer que les femmes peuvent prendre leur place également.» Ibtissam Kaissoumi

Pour Ibtissam, les femmes sont toutes perfectionnistes et c’est une perte pour l’industrie qu’elles n’y soient pas en plus grand nombre. Elle veut être forte pour les autres femmes, même lorsqu’elle se fait rabaisser pendant un cours à l’ÉNA: «On parle moteurs et je pose une question car je n’ai jamais touché à un moteur de ma vie. Le professeur m’a répondu avec dédain: « C’est normal que tu ne connaisses pas ça, tu es une fille.» Alors que la majorité des élèves de sa classe sont des garçons et viennent la voir pour lui demander conseil. Dans un cadre professionnel, lorsqu’elle fait affaire avec des entrepreneurs et que son collègue homme est avec elle, certains ne se posent pas la question et se tournent vers lui automatiquement.

Dans cette industrie dominée par les hommes, en tant que femme, elle doit tout le temps prouver qu’elle mérite sa place et qu’elle est bonne. «Je dois gagner leur respect. Si tu es un homme, tu n’as pas besoin de le gagner, tu l’as d’office!»

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