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Les foodies sont parmi nous

Geneviève Vézina-Montplaisir - Métro

Depuis quelque temps, on entend le mot foodies un peu partout sans savoir vraiment de quoi il en retourne. Mais qui sont ces foodies qui forment une communauté de plus en plus présente et visible à Montréal? Métro s’est penché sur le sujet.

C’est à Paul Levy, journaliste britannique, que l’on doit le mot foodie. En 1984, il signait avec Ann Barr le livre The Official Foodie Handbook et rebaptisait ainsi les amateurs de bonne bouffe. Épicuriens, gourmets, gastronomes; de tout temps, il y a eu des foodies dans la société. Seulement, en 2011, ils forment une communauté de jeunes gens très actifs sur la Toile.

«On les voit sur la place publique, ils sont très pré­sents dans les médias sociaux : les foodies sont devenus la communauté active des gourmands, affirme Jean-Pierre Lemasson, professeur et directeur du certificat en gestion et pratique socioculturelles de la gastronomie à l’UQAM. Ils sont éduqués, ils suivent les modes des nouveaux restos et partagent aussi leurs recettes sur des blogues.»

Si les foodies ne sont qu’une autre communauté qui profite des outils technologiques qui sont maintenant à notre disposition pour communiquer entre eux, ils ne seraient pas aussi nombreux à partager leurs dernières découvertes culinaires sur Twitter s’ils n’avaient pas été influencés par le grand bouleversement qui touche l’alimentation depuis les 10 dernières années et qui a entraîné la prolifération des émissions et des livres de cuisine. 

«Aujourd’hui, la population est plus soucieuse de ce qu’elle mange, explique Paul Caccia, directeur des commu-nications et des relations publiques et internationales à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec. En plus de s’intéres­ser sérieusement à ce qui se retrouve dans leur assiette, les foodies sont constamment à la recherche de nouvelles expériences culinaires.»

Les chefs n’ont donc qu’à bien se tenir, car ce qu’ils serviront aux foodies qui visiteront leur établissement sera analysé, souvent photographié et parfois comparé. «Les foodies n’ont pas changé notre façon de travailler, mais c’est certain qu’on remarque ceux qui photographient tous leurs plats! On lit aussi les blogues des foodies qui parlent de notre travail, note Patrice Demers, chef pâtissier au restaurant 400 coups. C’est motivant pour nous de voir qu’il y a autant de gens qui partagent la même passion que nous, mais parfois, on se heurte aussi à des commentaires de gens qui s’improvisent critiques et qui n’ont pas une connaissance suffisante de la cuisine pour juger de certaines choses.»

Même si cela déplaît aux détracteurs du mouvement, qui trouvent qu’on parle trop de bouffe, l’intérêt soutenu pour ce qui se trouve dans notre assiette risque d’aller en grandissant, croit Paul Caccia. L’alimentation étant maintenant une tendance de fond dans notre société, les foodies sont là pour rester, estime, Jean-Pierre Lemasson.

Portraits de foodies
Camélia Desrosiers et Annie Michaud ont chacune un blogue sur la bouffe. Sur  La Popoteuse, Camélia partage ses recettes préférées, et sur 2 Capricieux, Annie commente ses visites au resto. Les deux jeunes femmes font partie de la petite communauté des foodies de Mont­réal, celle qui est maintenant invitée à toute ouverture de resto et à tout événement culinaire qui se respectent. Annie consacre une dizaine d’heures à chaque billet publié. «Je vais au resto, je prends des photos. Ensuite, je les choisis, j’écris mon texte», décrit-elle.

Si les foodies consacrent temps et argent à leur passion, celle-ci peut aussi les mener loin. Grâce au rayonnement de son blogue, Camélia est devenue l’animatrice de la nouvelle émis­sion de Zeste, Jehane et Moi, où elle cuisinera les recettes de Jehane Benoît. Quant à Annie, sa présence remarquée sur Facebook et Twitter lui a permis de dévelop­per une spécialité de gestionnaire de communauté dont elle vit aujourd’hui. 

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