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L’art compliqué d’accepter la critique

Close-up of people communicating while sitting in circle and gesturing Photo: Getty Images/iStockphoto
Philippe Jean Poirier - 37e avenue

Une étude le confirme: on a tendance à écarter ceux qui nous font des critiques négatives. On ignore leurs conseils et on fuit leur compagnie. Mais pour évoluer sur le plan professionnel ou dans la vie, ne faudrait-il pas aller contre sa nature?

Pour analyser le rapport des travailleurs à la critique, des chercheurs de la Harvard Business School ont eu l’idée de mesurer l’effet des rétroactions entre pairs sur le choix des fréquentations d’un travailleur. L’étude a été réalisée auprès de 300 tra­vailleurs d’une entreprise agroalimentaire.

Francesca Gino, une des auteurs de l’étude, en a présenté les résultats dans le Havard Business Review (HBR) : «Nous avons constaté que, dans l’année suivant la rétroaction, un employé avait plus de chances d’éliminer de son réseau les personnes qui lui avaient donné une rétroaction négative que celles qui lui avaient donné une rétroaction positive.»

Pourtant, l’ouverture à la critique demeure quelque chose de sain: «C’est la meilleure façon d’évoluer, tant sur le plan personnel que professionnel», rappelle Michèle Ragault, conseillère principale en psychologie du travail chez André Filion & Associés.

L’étude de Harvard illustre d’ailleurs bien les conséquences de refuser la critique: «En utilisant les données [liées aux bonus annuels de performance], a écrit Francesca Gino, mes collègues et moi avons découvert que ceux qui avaient mis fin à leurs relations leur donnant des rétroactions négatives avaient connu une baisse de performance l’année suivante.»

Un problème de perception
Si certaines personnes ont tant de mal à accepter la critique, c’est principalement en raison d’un problème de perception, croit Michèle Ragault: «La personne critiquée prête à son interlocuteur une intention de reproche, d’attaque ou de rejet, alors que, dans la plupart des cas, ce n’est pas du tout l’objectif qui est poursuivi.»

L’important est donc, dans un premier temps, de s’assurer de bien comprendre l’essence du message qu’on nous fait. La psychologue suggère de reformuler dans le calme et l’ouverture: «Si j’ai bien compris ce que tu me dis…»

«[Si la critique est fondée], on prend le temps de se demander ce qu’on peut changer, et on concentre ses efforts là-dessus. C’est ainsi qu’on peut évoluer en tant que personne…»
Michèle Ragault, conseillère principale en psychologie du travail chez André Filion & Associés

Cette écoute active a pour but de déterminer si la critique est fondée ou non. «Dans le premier cas, explique Michèle Ragault, on reconnaît la situation simplement, avec humilité. Dans le second cas, on voudra communiquer des arguments factuels démontrant que la critique est non fondée, tout en demeurant calme, respectueux et en évitant le piège des attaques personnelles.»

Nécessaire recul
Avant de formuler une réponse, il est cependant préférable de prendre un peu de recul. C’est pourquoi Michèle Ragault déconseille de réagir sous le coup de l’émotion: «Il est préférable de laisser du temps passer… Pour prendre des notes et faire la part des choses.»

Prendre du recul, cela signifie aussi relativiser la critique qui nous est faite: «On se garde de généraliser la critique à toute notre personne. Ce n’est pas parce qu’on a un point à améliorer qu’on est un incompétent!»

La critique fondée, une occasion à saisir
Michèle Ragault propose de voir la critique fondée comme une occasion de s’améliorer: «On prend le temps de se demander ce qu’on peut changer, et on concentre ses efforts là-dessus. C’est ainsi qu’on peut évoluer en tant que personne…»

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