Soutenez

Changer de métier régulièrement

Photo: collaboration spéciale

Insatiable chercheur de ce qu’il y a de mieux, d’un secteur professionnel à l’autre, Louis-Philippe Pratte trace habilement sa route. Et s’il change de métier, ce n’est pas pour autant dans un esprit de rupture.

Le terme «continuité» semble plus approprié pour décrire le parcours de ce designer pas dépourvu de suite dans les idées. «Depuis le début de ma carrière, ma démarche est orientée vers l’environnement, explique-t-il. C’est le fil conducteur d’un parcours qui peut sembler décousu.»

Diplômé en design industriel, il s’envole pour Pforzheim, en Allemagne, suivre une maîtrise en design du transport. De cette école parmi les plus prestigieuses, il sort avec la note finale maximale, 100%. «À huit ans, je dessinais mes premières voitures en prenant déjà ça très au sérieux.»

À 13 ans, il remporte un concours lancé par Ford pour dessiner la voiture de 2042. On est en 1992, Louis-Philippe sait qu’il en fera son métier.

Pourtant, quand son rêve se réalise avec les honneurs reçus au terme de ses études, le défi initial perd de sa grandeur. Un peu comme si, une fois ses capacités à évoluer dans ce monde très élitiste reconnues, le cœur y était moins. «Je n’avais pas envie de surfer là-dessus, mais plutôt d’apprendre encore et de me mettre en danger.» En même temps, son regard critique s’aiguise, et aussi passionné qu’il puisse être, il estime que son rôle de designer doit dépasser la simple contribution au renouvellement du parc automobile.

«Se lancer dans l’entrepreneuriat est difficile financièrement, mais c’est extrêmement valorisant. C’est ce qui me permet de donner corps à mes valeurs professionnelles.» – Louis-Philippe Pratte

Après un an chez Mazda, Louis-Philippe rentre à Montréal, où il fonde À Hauteur d’homme, une entreprise de fabrication de mobilier et de cuisines en bois. Avec une démarche longuement mûrie quant à la provenance, à la nature et au traitement des matériaux utilisés, son concept séduit. Dans la peau du directeur d’entreprise, il cherche sans relâche à faire mieux. «Excessivement compétitif, le milieu automobile a contribué à façonner cette partie-là de moi», estime-t-il. De ses études en Allemagne, il garde la rigueur nécessaire à la saine gestion d’un projet, mais aussi une faculté d’adaptation qui le sert tous les jours. Dans son rôle d’enseignant à l’université ou dans celui de juré aux Grands Prix du Design de Montréal, il cherche à déceler les tendances à venir.

Loin de perdre le fil, Louis-Philippe reste attaché à ses premières amours. «La mobilité est quelque chose de fondamental dans une société; nous nous devons d’y réfléchir et d’en faire un axe de développement.» Dans sa tête se bousculent les esquisses du système de transport public de demain, alliant esthétique, énergies vertes et rendement.

Retour aux études?
La réorientation de carrière passe-t-elle par un retour aux études? Pas selon Mathieu Guénette, directeur des services professionnels chez Brisson-Legris, entreprise montréalaise spécialisée en orientation et gestion de carrière. «Dans certains secteurs d’activité, on peut aller très loin avec des aptitudes et un bon sens du réseautage, même sans diplôme.» Dans le même ordre d’idées, le site Monster.ca, spécialiste de l’emploi, conseille les candidatures spontanées à ceux qui aspirent à changer de carrière, ainsi que de miser sur le transfert de compétences.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.