Montréal

Publisac : la Ville sommée d’imposer l’adhésion volontaire, ou «opt-in»

Un Publisac

La distribution des circulaires publicitaires est en voie de changer à Montréal. Après trois mois de consultations publiques, la Commission municipale chargée d’étudier le dossier recommande à la Ville de Montréal d’adopter une politique d’adhésion volontaire, dit opt-in, pour le Publisac.

Métro a pu consulter les documents qui ont été présentés ce soir par la Commission sur l’eau, l’environnement, le développement durable et les grands parcs. Les 10 recommandations émises se collent de très près à la philosophie de Charles Montpetit, le citoyen derrière la page Facebook Antipublisac.

Les commissaires de l’administration et de l’opposition ont voté à l’unanimité pour l’option «opt-in» pour le Publisac. Un citoyen qui désirerait toujours mettre la main sur ses circulaires devrait donc «l’accepter expressément». On suggère par exemple de poser un autocollant sur la porte.

La Commission propose aussi d’interdire les emballages de plastique dans la livraison des circulaires. Sans fixer de délais précis, le document suggère à la ville-centre de «prévoir un délai raisonnable avant l’entrée en vigueur de la règlementation».

«Pour rassembler les conditions gagnantes, on ne peut pas chiffrer le délai», affirme à Métro l’élu de l’opposition Francesco Miele. Membre du parti Ensemble Montréal, il occupe également le poste de vice-président de la Commission.

«Il faut reconnaître qu’il doit être plus long. Deux ans, trois ans, quatre ans, on n’a aucune idée», ajoute-t-il.

La Commission fournira officiellement ses recommandations à la Ville en janvier 2020. La responsable de la transition écologique au comité exécutif, Laurence Lavigne Lalonde, a tout de même profité de la présentation du rapport pour réagir.

Selon elle, le travail de consultation permet d’«avoir un portrait clair de la situation». La ville-centre souhaite désormais «prendre le temps nécessaire» pour en arriver à une «décision éclairée».

Les réactions fusent

Charles Montpetit félicite un «gros bon sens» de la Commission. «Vous donnez un bon exemple de la direction dans laquelle on doit s’en aller», a-t-il soutenu jeudi soir après la présentation du rapport.

Il souhaite «d’aussi bons résultats» lors de futures consultations publiques, dont celle sur les matières résiduelles.

Transcontinental, l’entreprise derrière Publisac, craint de son côté pour l’avenir du modèle de distribution. «On est déçus. On a senti que la plupart des commissaires avaient déjà une idée préconçue», a indiqué jeudi le président et chef de la direction de l’entreprise, François Olivier.

Santé des médias

La survie des journaux locaux – dont une partie importante est distribuée dans le Publisac –, demeure primordiale, soutient Francesco Miele. La Commission recommande d’ailleurs de «soutenir le développement d’alternatives à la distribution des journaux locaux […], notamment en offrant des espaces de diffusion réservés dans les lieux publics».

M. Miele maintient que cette décision ne sonnera pas le glas des hebdos de la région.

«On est conscients que la très grande majorité de ces journaux est distribuée à même les Publisacs», a-t-il tenu à rappeler.

En entrevue avec Métro, le responsable de l’environnement au comité exécutif, Jean-François Parenteau, rappelle qu’«il n’y a pas de décision qui a été prise en ce moment».

«Je le dis en mon nom personnel, je vais être le premier défenseur pour la sauvegarde des journaux locaux.» – Jean-François Parenteau, responsable de l’environnement à la Ville de Montréal

Métro Média réagit

La direction de Métro Média, qui possède près de 20 hebdomadaires locaux sur l’Île en plus de Métro, s’est dite «très déçue» des conclusions.

«Des recommandations aussi vagues démontrent qu’on a très peu considéré les enjeux de la presse écrite», souligne le vice-président de l’entreprise, Andrew Mule, dans un communiqué.

M. Mule estime que la marge de manoeuvre de Métro Média est «mince». Selon lui, sans le modèle de distribution du Publisac «une vingtaine de journalistes et d’employés vont perdre leur emploi».

Enjeux environnementaux

Selon Francesco Miele, l’empreinte environnementale des circulaires a occupé une bonne part des discussions de son équipe. «Le débat part aujourd’hui. Pour dire que l’objectif est de diminuer le volume de matériel à usage unique, il faut faire ces recommandations», indique-t-il.

Pour la directrice générale du Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE-Montréal), Coralie Deny, c’était «la moindre des choses» d’adopter cette approche.

«Ils ont décidé d’être cohérents avec les objectifs zéro déchets de la Ville. C’est une façon de dire que Montréal va être exemplaire», analyse-t-elle.

M. Miele convient d’ailleurs que l’administration montréalaise «a un devoir d’entamer des discussions et de travailler avec l’industrie».

Consultations publiques

Le débat autour des circulaires publicitaires s’est amorcé en mars lorsque la Ville a demandé aux Montréalais de se prononcer quant à la tenue d’une consultation publique sur les circulaires. Figure publique de l’opposition au Publisac, Charles Montpetit exige depuis le début de la saga une livraison encadrée.

La récolte en peu de temps des 15 000 signatures nécessaires à la tenue d’une consultation a lancé le processus. Plusieurs citoyens, groupes de presse et membres de l’industrie ont fait part de leurs opinions en période d’audience.

– avec la collaboration de Katrine Désautels

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