Une infirmière peut avoir jusqu’à près d’une cinquantaine de patients sous sa responsabilité selon les quarts de travail au CHSLD Pierre-Rémi-Narbonne, à Vaudreuil-Dorion, et celui de Rigaud. C’est au moins 10 de plus que ce la Fédération interprofessionnelle de santé du Québec (FIQ) considère comme «sécuritaire».
Les ratios peuvent atteindre jusqu’à 30 pour 1 le jour, 35 pour 1 le soir et 47 pour 1 la nuit, selon le palmarès de la FIQ qui vise à mettre en lumière «les pires ratios du Québec». La situation est d’autant plus inquiétante à Rigaud, qui obtient la mention Très dangereux, car cela signifie l’absence de personnel soignant pour deux quarts de travail sur trois.
Le calcul du niveau de dangerosité a été établi en fonction de la moyenne du nombre de patients par infirmière selon le quart de travail entre le 1er et le 18 septembre dernier.
La qualité des soins en serait directement affectée. «Quand il y a un cas plus lourd, ça ralentit l’infirmière, donc elle n’aura peut-être pas le temps de terminer sa tournée, ce qui fait que le travail s’accumule pour les quarts qui suivent», explique la présidente du syndicat des professionnelles en soins de la Montérégie-Ouest, Mélanie Gignac.
Pénurie
Le manque de main-d’œuvre expliquerait en grande partie ces statistiques, et ce, malgré les efforts du gouvernement Legault pour y remédier. «C’est toujours criant comme pénurie, déplore-t-elle. On a même de la difficulté à avoir des agences pour compenser.»
Beaucoup d’infirmières délaissent le système de santé. «Les démissions, les gens en congé de maladie et les retraites anticipées ont fait en sorte qu’on en arrive à des chiffres comme ceux-là aujourd’hui, continue Mme Gignac. On perd même des candidats à l’exercice de la profession qui représentent notre relève.»
Parce que les conditions de travail se sont détériorées, peu de personnes seraient attirées vers le métier. Cela alourdit la charge de travail des employés qui restent, ce qui les incite à démissionner prématurément.
«C’est un cercle vicieux infernal, s’exclame la présidente du syndicat. Ce qu’on trouvait aberrant il y a cinq ans est devenu notre quotidien aujourd’hui.»
La solution, selon elle, passe par la diminution de l’offre de services. «Si on enlevait des lits, on pourrait mieux répartir la main d’œuvre, améliorer la qualité de vie du personnel et être à nouveau plus attractif», affirme-t-elle.
D’ici là, des négociations se poursuivent entre la FIQ et le gouvernement du Québec pour diminuer la charge de travail des infirmières.