Dans le cadre d’un deuxième débat télévisé sur les ondes de Radio-Canada, les deux candidats au coude-à-coude pour l’obtention de la mairie de Montréal, Valérie Plante et Denis Coderre, ont débattu avec un calme olympien.
Le premier débat télévisé diffusé sur LCN, jeudi soir, qui avait vu les candidats Plante, Coderre et Balarama Holness s’affronter, était tendu et parfois cacophonique, contrairement à l’événement de lundi soir. Ils avaient critiqué le ton qui avait été adopté lors du débat sur les ondes de la chaîne LCN. Dans un format court d’une heure, animé par Patrice Roy, le point de désaccord le plus fort entre les deux candidats concernait la sécurité.
Comparativement à 2019 et ses 41 incidents liés aux armes à feu, en 2021, Montréal a enregistré 97 de ces incidents. Montréal est-elle plus ou moins sécuritaire ? a questionné l’animateur Patrice Roy. Denis Coderre est sans équivoque : «Montréal n’est pas sécuritaire présentement, mais elle peut le redevenir en le reconnaissant».
Le chef d’Ensemble Montréal cible plusieurs solutions pour résoudre cet enjeu, soit l’augmentation des forces policières, la modernisation des équipements du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), l’ajout des caméras portatives et le soutien accrue aux équipes mixtes qui travaillent avec les organismes communautaires. «Chaque dollar investi dans le communautaire, c’est 100 $ de sauvé.»
Il faut augmenter l’effectif qui est de 4520 de policiers actuellement et on demandera même à Québec d’augmenter notre plafond à 5000 si on en a besoin. Il faut moderniser le SPVM. On me dit que dans certains équipements, les armes sont désuètes.
Denis Coderre, chef d’Ensemble Montréal
En conférence de presse, lundi matin, M. Coderre envisageait le recrutement de 250 policiers.
«Dire que la ville est dangereuse venant de la bouche d’un candidat à la mairie, c’est mettre de côté le travail de toutes celles et ceux qui assurent notre protection. […] Je trouve que c’est irresponsable», précise Mme Plante. Pour sa part, l’élue sortante appliquera trois axes de travail pour un budget de 110 millions de dollars, avec le soutien à l’Escouade de lutte aux armes à feu (ELTA), la lutte contre les groupes criminalisés et le soutien au communautaire.
Les deux candidats se sont dits favorables à l’implantation de caméras portatives pour les forces de police, à la fois pour la transparence, la sécurité des citoyens et des policiers eux-mêmes. M. Coderre a annoncé, lundi matin, son intention de lancer un appel d’offres pour le déploiement de caméras portatives dans les «100 premiers jours» d’un prochain mandat. De son côté, le SPVM installera neuf nouvelles caméras de sécurité urbaine à Montréal afin de lutter contre les incidents impliquant des armes à feu. Celles-ci seront déployées dans les quartiers de Lachine, de Montréal-Nord, de Rivière-des-Prairies, du Sud-Ouest, de Saint-Michel et de Saint-Léonard.
Ces points qui séparent les candidats
D’autres points de divergence peuvent différencier les candidats selon des cas concrets. Sur le logement, M. Coderre veut «doper» l’offre pour qu’il y ait un effet de baisse des loyers tout en livrant au moins «10 000 logements sociaux». Tandis que Mme Plante veut règlementer le marché. «Des villes comme Toronto ont perdu la bataille parce qu’elles ont laissé le marché faire.»
Du côté du golf d’Anjou, une administration Plante le transformera en parc tandis que M. Coderre souhaite le développer, mais «pas au détriment du développement environnemental».
Sur le point de la congestion des livraisons en ville, M. Coderre initierai un «sommet du camionnage» pour réserver des horaires aux livraisons faites par camions. Mme Plante est favorable à l’utilisation de véhicules plus adaptés, plus petits et électriques.
Enfin, selon l’issue du scrutin du 7 novembre, différents grands projets seront mis de l’avant. Sous une administration Valérie Plante, la rue Sainte-Catherine obtiendrait une cure de jeunesse et elle voudrait en faire une «rue signature». M. Coderre, de son côté, miserait sur une Silicon Valley verte pour l’Est, la réfection du centre-ville et recouvrir l’autoroute Décarie.
Les deux candidats ont affiché leur souhait de prendre les rênes de la ville, et dans la mesure où ils ne seraient pas élus maires, de briguer le poste de chef de l’opposition à la ville. «Si la population décide de me donner le rôle de cheffe de l’opposition, je serai au rendez-vous», affirme Mme Plante. «J’ai envie de rester ça c’est sûr, mais le plan A c’est de gagner. La ville a besoin d’un meilleur leadership», dit M. Coderre.